jeudi 4 mai 2017

Le Porteur d'histoire

Trois comédiens et deux comédiennes nous perdent dans un tourbillon d'histoires mises en abîme. En 2001, une mère et sa fille disparaissent en Algérie, 13 ans plus tôt c'est un homme qui se perd dans la forêt des Ardennes à la recherche de son défunt père. Dans les deux cas, leurs livres sont des trésors qui vont révéler le passé et la filiation de la mère. Une certaine Saxe de Bourville, rescapée de la Révolution française, rebaptisée Edmonde Antes aurait inspirée un certain Alexandre Dumas. 
On croise aussi Marie-Antoinette ou Delacroix. Le rythme de la pièce, érudite et maline, et le jeu tonique des acteurs, qui passent en quelques secondes sur le plateau d'un personnage à l'autre, du Canada au désert algérien… a de quoi déboussoler et impressionner le spectateur. Les rebondissements sont nombreux, façon Da Vinci Code, les références valsent entre histoire et légendes.Ne vaut-il pas parfois mieux croire aux pouvoirs de l'imagination ?

samedi 30 juillet 2016

Divines

Houda Benyamina n'apporte pas grand chose de neuf au cinéma auscultant la banlieue, depuis L'Esquive ou Bande de Filles.
L'amitié entre ces deux gamines physiquement très différentes sonne faux, passant par un tas de passages obligés du cinéma : chahut, tristesse, euphorie (dans une décapotable sur les Champs)… Dounia vit dans un bidonville, qui ressemble surtout à un décor de théâtre (pas de plan d'ensemble). Son objectif : « money, money, money » comme elle le dit, acquise à l'ultralibéralisme, celui-là même qui a plongé sa famille dans la pauvreté. Seule issue dans cette banlieue : travailler pour le caïd du coin, Rebecca.
La réalisatrice a décidé de casser quelques clichés, comme celui du caïd, tenu par une jeuen femme, ou celui du danseur, duquel Dounia tombe amoureuse (cachée dans le grill du théâtre), ce qui pourrait la tirer vers le haut. Mais un drame viendra contrecarrer les rêves des deux gamines, prises au piège de leur défiance vers les autorités qui auraient pu pour une fois les sauver. Les comédiennes sont pleines d'enthousiasme et d'énergie mais le film reste trop collé à son sujet tout en s'éparpillant entre chronique sociale, polar et comédie.


mardi 28 juin 2016

Monsieur de Pourceaugnac


"Le 6 octobre 1669, la troupe de Molière crée, au château de Chambord, une nouvelle comédie-ballet, sur une musique de Lully, pour le « divertissement du Roi ». Monsieur de Pourceaugnac narre les aventures de ce gentilhomme limougeaud monté à Paris pour épouser la jeune Julie mais que Sbrigani et Nérine, gens d’intrigue payés par l’amant de la belle, vont s’ingénier à perdre. La pièce connaît un grand succès. Elle ne sera pourtant que rarement montée par la suite. Certains ont ainsi voulu voir dans la comédie-ballet l’éphémère triomphe d’un genre mineur. C’est là bien mal considérer l’ambition du projet de Molière. En mêlant inextricablement l’art dramatique, la musique et la danse, Molière rêve d’un spectacle total qui révélerait, aux yeux de tous, la puissance du théâtre. Dans Monsieur de Pourceaugnac, peut-être davantage que dans toute autre pièce, il nous rappelle que le théâtre est un monde où toutes les transgressions sont permises, un monde où les fous sont les rois, où les fous sont les sages."

Clément Hervieu-Léger


Direction musicale et conception musicale du spectacle William Christie
La mise en scène de Clément Hervieu-Léger qui place cette comédie-ballet dans les années 50, insouciantes, époque choisie aussi pour le contraste encore fort entre Paris et la province. 
Une pièce très cruelle, qui pourrait être un vaudeville avant l'heure, avec des personnages très (trop ?) hauts en couleurs (des toreros, des hommes déguisés en épouses abandonnées…). 

vendredi 8 avril 2016

Mille Batailles au 104

Louise Lecavalier crée une nouvelle pièce chorégraphique inspirée du Chevalier inexistant d’Italino Calvino. Personnage vide, ce corps-armure sans attaches recèle plein de possibilités. Le mouvement est sa seule façon d’exister... Danseuse emblématique de la compagnie canadienne La La La Human Steps, figure de l'indomptée, artiste de l’extrême, Louise Lecavalier propose une danse insolite, traversée par la question de l’identité. Musique en live de Antoine Berthiaume.



jeudi 7 avril 2016

Helena Almeida

Née en 1934 à Lisbonne, où elle vit et travaille, Helena Almeida est la fille du sculpteur Leopoldo Almeida, pour qui elle servait de modèle, enfant. Peut-être est-ce pour cette raison que l'artiste s'imagine dans ses propres œuvres, comme en train de se peindre dans ses photos, où ces deux arts se rencontrent (les Pinturas habitadas). L'effet, pourtant simple, est troublant et poétique.

Au Jeu de Paume, l’exposition « Corpus » présente un ensemble d’œuvres – peinture, photographie, vidéo et dessin – réalisées par l’artiste des années 1960 à nos jours dans lesquelles le corps enregistre, occupe et définit l’espace. Elle a une dimension rétrospective, rassemblant les différentes phases du travail de l’artiste, depuis ses premières œuvres datant du milieu des années 1960 jusqu’à ses productions les plus récentes.

Après ses premières oeuvres tridimensionnelles, Helena Almeida trouve dans la photographie un moyen de combattre l’extériorité de la peinture et de faire coïncider sur un même support l’être et le faire : « comme si je ne cessais d’affirmer constamment : ma peinture est mon corps, mon œuvre est mon corps ». Au-delà des lectures poétiques et métaphoriques que ces œuvres peuvent inspirer, elles sont des tentatives d’atténuation des limites des médiums, telles celles de la photographie, de la performance et de la sculpture.
À travers la photographie, Helena Almeida crée une forte relation entre la représentation (l’acte de peindre ou de dessiner) et la présentation (de son propre corps en tant que « support » de cet acte). « Le corps concret et physique de l’artiste sera constamment égaré, défiguré, occulté par la tâche qui tantôt le prolonge, tantôt le recouvre, qui entre ou sort (vers ou depuis) l’intérieur de ce corps. »





lundi 4 avril 2016

Un Monde Libre de Halim Mahmoudi

Après avoir vécu des drames personnels violents au coeur de la cité dans laquelle il vit avec sa famille, Khalil, devenu adulte, se plonge dans l’écriture et la course pour s’échapper du ghetto et aller vers un monde libre.
Un récit graphique, comme l'on dit, qui mêle récit autobiographique, actualité et considérations philosopho-politiques.
Halim Mahmoudi le divise en trois chapitres : se comprendrecomprendre le monde et se faire comprendre du monde. Tout un programme, parfois un peu difficile à suivre.


Le récit est à la fois ultra réaliste et contestataire, montrant les destins des jeunes issus de l'immigration parqués en banlieue, dont les destins sont joués d’avance.

vendredi 1 avril 2016

Corps noir


À l’occasion de sa nocturne exceptionnelle du 30 mars, le Musée Picasso accueillait la performance inédite d’Aurélien Bory : Corps noir interprétée par la danseuse Stéphanie Fuster.

« Le corps est opaque. Il cache un corps que je ne peux pas voir. Non pas le corps dans la lumière, celui que je vois dans le miroir, le corps qui réfléchit. Mais le corps intérieur, le corps dans l’ombre, le corps qui éprouve.

En physique un corps noir désigne un objet dont le spectre électromagnétique ne dépend que de sa température. Le corps noir de Stéphanie Fuster est un spectre intérieur, un corps privé de lumière. Il ne se manifeste que comme un rayonnement de chaleur. Qui augmente alors lorsqu’elle danse.

J’ai imaginé Corps noir comme un dispositif qui révèle l’empreinte que laisse la chaleur du corps. Enfermée dans un monolithe noir, Stéphanie Fuster fige sa danse. Son corps apparaît par contact. Les traces qu’il laisse s’évanouissent aussitôt qu’elles redeviennent froides. Le corps de Stéphanie Fuster sort du noir. Et s’y perd à nouveau ». Aurélien Bory

Entre peinture, pellicule et danse, une expérience intrigante…

mercredi 30 mars 2016

Le siège (Sarajevo 1992-1995)

Documentaire réalisé par Rémy Ourdan et Patrick Chauvel (France, 2015, 1h30)
Le plus long siège de l’histoire récente relaté par Rémy Ourdan, grand reporter de guerre, qui a vécu l’encerclement de la ville de l’intérieur, pendant toute sa durée, aux côtés des habitants. Construit autour de trois éléments – la face sombre du siège (les bombardements et les tueries de civils), sa face lumineuse (les actes de bravoure, la dignité et l’humour de la population) et le déroulé des événements –, ce récit éclairant interroge le rapport à la vérité et l’engagement des journalistes étrangers.


Ce siège visait à provoquer le défaitisme des Sarajéviens, explique l'un d'eux : "Que l'on en ait rien à faire du Sarajevo multi-ethnique et que l'on dise "je veux survivre"!". Mais les habitants ne se sont pas montés les uns contre les autres, il fallait vivre normalement sinon l'ennemi vous avait détruit psychologiquement. On assiste à un mariage, "ensemble peut-être la dernière pour la dernière fois", à des concerts de rock, du théâtre, de la danse en club… Il fallait être créatif car chaque jour pouvait être le dernier, explique un témoin. On comprend alors que le théâtre est aussi important que l'eau ou le pain, il devient un monde parallèle, une échappatoire.

Des soldats expliquaient à des comédiens: "Si vous ne faisiez pas cela, nous n'aurions rien à défendre." La dignité d'une ville assiégée en pleine Europe, à la fin du XXè siècle par des milices nationalistes. Et ce n'était pas une fiction…

mercredi 23 mars 2016

Bacchanales modernes !



Cette exposition exceptionnelle, à la fois en raison de son sujet inédit et de son caractère pluridisciplinaire au croisement de tous les arts (beaux-arts, arts décoratifs, photographie, musique, danse...), réunit une sélection d'une centaine d'oeuvres - peintures, sculptures, arts graphiques… Abordant toutes les techniques et faisant côtoyer des chefs-d’œuvre incontournables à des oeuvres plus inédites, elle souhaite renouveler le regard sur les arts du XIXe siècle en plongeant le visiteur dans l'univers visuel mais aussi musical de cette époque foisonnante. La découverte de la figure polymorphe de la bacchante, fidèle et sensuelle prêtresse du cortège bachique, constitue à cet égard un thème novateur et fédérateur qui trouvera un écho particulier dans la cité de Bacchus, en préfiguration à l'ouverture de la Cité des civilisations du vin au printemps 2016.
 
En résonance avec l'héritage artistique et la culture vinicole de la capitale girondine, cette exposition se veut enfin au cœur d'une synergie rassemblant, autour d'actions de médiation innovantes, l'ensemble des acteurs culturels de la Ville (musées, bibliothèques, opéra, théâtre, conservatoire de musique, école des Beaux-Art, etc.).


Le XIXè siècle revisite le mythe de Bacchus/Dyonisos, de ses bacchanales et bacchantes, lors de ces fêtes célébrant l'ivresse de l'amour et du vin. Bacchus, accompagné des nymphes des Ménades, de satyres (mi-hommes mi-boucs, dont Silène), faunes et centaures (mi-hommes mi-chevaux).
Les bacchantes, reconnaissables à leur peaux de bêtes, ont été représentées dansantes (animées par la mania) puis allongées, reliées à des mythes comme celui des ondines ou Willis (jeunes femmes mortes avant leur nuit de noces, photo) ou celui d'Orphée, tué par les Ménades.

La bacchante est associée à l'hystérie féminine décrite par Charcot (la tête renversée des Ménades grecques) ou à la danse incarnée par Isadora Duncan. Elle inspire aussi des opéras bouffes et opéras (les ballets russes de Diaghliev, Berlioz…). Elle est aussi associée aux prostituées ou à la décadence du Second empire lorsque Carpeaux en orne l'Opéra de Paris, provoquant une polémique.

mardi 22 mars 2016

Midnight Special

Jeff Nichols franchit le pas qui séparait la psychologie et le surnaturel (Take Shelter) de la science-fiction, avec Midnight Special.
Le réalisateur introduit ce côté fantastique de façon poétique et naturelle. Par rapport à son précédent film, les personnages sont plus creusés, plus profonds, notamment celui de la mère (Kirsten Dunst), seule à envisager que leur enfant sera peut-être mieux sans ses parents. Le film laisse le spectateur se poser beaucoup de questions (par exemple, sur ces deux hommes au début).
C'est un très beau film sur la filiation, l'avancée dans la vie, la perte ou le départ d'un enfant,  sur le sens de la vie, le bien et le mal. Il y a beaucoup de lectures possibles et un subtil mélange des genres: SF, road-movie, espionnage… Avec un hommage appuyé à Rencontres du Troisième Type, notamment avec Paul Sevier de la NSA, le scientifique qui se laisse séduire par ce qu'il ne comprend pas.
Jeff Nichols explique dans Trois : "Quand mon fils avait à peu près 1 an, il a fait une convulsion fébrile – c’est une réaction à une poussée de fièvre. Il avait des spasmes, les yeux révulsés, c’était terrifiant. Ma femme et moi avons cru qu’il allait mourir. Ça m’a fait prendre conscience que je n’avais absolument aucun contrôle sur mon enfant ou sur ce qui lui arrive, et ça m’a terrorisé. J’ai commencé à envisager d’en faire un film, mais la peur en soi n’est pas une idée suffisante. Donc j’ai essayé de réfléchir à la façon dont je gérais cette peur. J’ai compris que notre réaction face à la peur est d’essayer de reprendre le contrôle. Dans ce cas précis, de contrôler entièrement l’environnement de notre enfant pour qu’il soit en sécurité. Ce qui n’est pas vraiment une bonne idée. Je me suis alors demandé comment être un bon père ; et il m’a semblé qu’il s’agissait surtout de comprendre qui est votre enfant. C’est de ça que parle le film : un père qui fait ce voyage avec son fils – littéralement, sur les routes. Il essaie de comprendre où son fils doit aller et de l’aider à y arriver."


Room

Jack, 5 ans, vit seul avec sa mère, Ma. Elle lui apprend à jouer, à rire et à comprendre le monde qui l’entoure. Un monde qui commence et s’arrête aux murs de leur chambre, où ils sont retenus prisonniers, le seul endroit que Jack ait jamais connu. L’amour de Ma pour Jack la pousse à tout risquer pour offrir à son fils une chance de s’échapper et de découvrir l’extérieur, une aventure à laquelle il n’était pas préparé.

Le film adopte le point de vue de l’enfant, cachant pudiquement les scènes de viols puisque l'enfant de 5 ans dort dans l'armoire. Mais il se divise en deux parties inégales: d'abord le quotidien d’une mère et son fils entre les quatre murs d’une pièce exiguë munie d'un seul vasistas. Puis le retour dans la famille après 7 ans de captivité, avec une belle séquence d’évasion. La relation du père avec la jeune femme n'est pas creusée, celle de son beau-père, qui apprivoise son fils est plus touchante. Mais le film aligne des scènes mélodramatiques soutenues par de la musique et une voix off.

Le film aurait pu être aussi troublant que "Bad Boy Bubby" de Rolf de Heer ou aussi poétique que le "Mysterious Skin" de Gregg Araki, ce n'est pas le cas.

jeudi 17 mars 2016

Pierrick Pédron au Studio de l'Ermitage

"Pierrick Pédron débarque avec And The, son nouvel Osni (objet sonore non identifié) : suite ethno funk psychotrope, mélodie éthio soul to soul, rock sous boule à facettes disco, pointes d’électro, drum’n’bass organique … ça brasse large et le cap est clair : « pourvu que ça groove ! ». Après avoir réinvesti Cure en mode jazz débridé et honoré sans piano l’esprit de Monk, Pédron l’iconoclaste s’offre un jouissif nouveau trip sonore hors limites."

Du jazz qui groove, avec quelques accents funk et un saxo rutilant.


Pierrick PÉDRON : saxophone
Chris DE PAUW : guitares
Vincent LAFONT : claviers
Antoine PAGANOTTI : batterie
Julien HERNÉ : basse

mardi 15 mars 2016

Albert Maignan à la Fondation Taylor

Artiste-phare de la fin du XIXe siècle, Albert Maignan légua à la Fondation Taylor, qu’il présida, sa maison-atelier de la rue La Bruyère et au Musée de Picardie ses collections archéologiques et son fonds d’atelier, véritable laboratoire de son œuvre qui retrouvera le temps de cet hommage les murs où elle fut créée.

La Fondation Taylor présente les travaux préparatoires des décors que Maignan réalisa dans Paris - de la Gare de Lyon à l’Opéra-Comique, du Sénat à l’Hôtel de ville ou Notre-Dame-de-Consolation - l’exposition fera découvrir toute la virtuosité de cet artiste, traduite au travers de techniques et médiums variés.

Au dernier étage, dans son atelier, est présenté son chef d’œuvre, Les Voix du tocsin, gigantesque peinture qui est déroulée pour la première fois depuis 1918 et restaurée en public au milieu des études préparatoires qui ont jalonné son élaboration ainsi que d’autres œuvres marquantes de cette période.


dimanche 13 mars 2016

Ark Tattoo

Un homme moustachu au crâne dégarni nous invite avec un fort accent anglais à regarder ses antiquités. Nous entrons comme dans un garage, faisant office de vide grenier, installé sur la scène du théâtre. Pendant de longues minutes, il nous propose de chiner en nous informant que tout est à vendre. Entre de vieux Playboy et des livres poussiéreux, personne n'est tenté. Le dispositif scénique est original, puisse que les spectateurs ne sont pas assis sur les gradins mais déambulent sur scène. Le brocanteur nous demande de disposer des chaises pour nous asseoir. 


Il nous raconte alors son histoire : orphelin il a subi des traitements pour troubles comportementaux, d'où certaines pertes de mémoire. Il va dès lors jouer avec le public aux jeux qu'il pratiquait avec un de ses pères adoptifs : les spectateurs choisissent les yeux fermés un objet dans un vieux camion qu'il porte en bandoulière. À chaque objet (une vieille chaussette, un bout de taule, un tuyau), correspond un numéro, lequel appelle un souvenir qu'il nous lit, écrit sur une feuille façon scrapbooking. Il nous raconte ainsi sa vie par bribes, sans réelle cohérence ou chronologie. Le spectateur tente de recoller les morceaux de ce puzzle différent à chaque représentation, se demandant ce qui est vrai ou faux, car il y a parfois des contradictions. Il vaut mieux suivre. Nos sentiments sont ambivalents vis-à-vis de cet homme à la fois attachant et effrayant, selon qu'il est sincère ou manipulateur.

Par la compagnie Elapse. Vu au Théâtre de l'Opprimé.

mardi 8 mars 2016

Merci patron !

     

François Ruffin, fondateur du journal Fakir, part en croisade à la rencontre de Bernard Arnault, façon Michael Moore dans "Roger et moi". D'autant que le patron a annocé sa volonté de devenir belge pour payer moins d'impôts.

L'intervieweur-réalisateur se demande si le milliardaire n'a pas bâti sa fortune sur un pêché originel : le rachat des usines Boussac-Saint-Frères ensuite dépiécées avec 8000 personnes licenciées, pour ne garder que la marque Christian Dior. 
Affublé d'un t-shirt "j'aime Bernard", François Ruffin tente en vain de le rencontrer en AG. Ils démontent quelques mensonges, comme ces veste "made in France" fabriquées en Bulgarie pour 30€ de main d'œuvre et vendues 1000€.
Le film a été pour partie financé par 6400 abonnés du journal Fakir, que Bernard Arnault semble connaître…

Au fil de ses interviews d'anciens ouvriers, il rencontre le couple Klur, exemple caricatural de lumpen prolétariat, au chômage, endettés de 25000 euros et sur le point d'être expulsés.


Notre Robin des Bois met alors en place un chantage, presque une farce, pour réclamer 35000 euros à B. Arnault, menaçant d'envoyer syndicalistes et manifestants aux "Journées Particulières, les coulisses d'un rêve", portes ouvertes organisées par LVMH.

Un ex-commissaire est dépêché dans le Nord pour rencontrer ces dangereux activistes. Le tout est filmé en caméra cachée.

De trop longs préparatifs et tractations, qui permettent tout de même un chèque de 40000€ un CDD puis CDI à l'ex-ouvrier. B. Arnault est prêt à tout pour ne pas ternir davantage son image.

On découvre que Marc Antoine Jamet, élu PS, proche de Hollande, fait partie de la garde rapprochée de Bernard Arnault. C'est lui qui vendra la mèche du protocole de confidentialité, le rendant caduque. 
OK, les méthodes sont limites malhonnêtes mais face aux comportements cyniques qu’il brocadre, le péché pourrait vite être pardonné.
F. Rufin manipule tel un marionnettiste le sbire de B. Arnault, mais aussi le couple au chômage. Une farce jouissive, car pour une fois, le rapport de force s'inverse entre riches et pauvres. Mais une fois seulement, pointant la fin des idéologies et du syndicalisme, la fin des actions collectives.



dimanche 7 février 2016

Erwin Wurm – Lost


Né en 1954, l'artiste pratique l'art du détournement : ici du mobilier (réfrigérateur, canapé, horloge, lampadaire…) tout blancs, pratiquement reproduits à l'échelle. Le mobilier prend une autre dimension, plus austère et intrigante, moins familière. Les objets semblent plus légers, plus propices au rêve ou à la poésie. D'autant, l'artiste les a personnalisés ou marqués de son empreinte corporelle au moment du moulage. Des détournements pop à la Wharol ou façon Claes Oldenburg (le vélo géant de la Villette).

Au rez-de-chaussé de la galerie Ropac, exposition de clichés crus de Robert Mapplethorpe : phallus, fistfucking, anulingus…

Élevé dans une famille nombreuse catholique, le photographe aime flirter avec le blasphème. Il expliquait : « La photographie et la sexualité sont comparables. Elles sont toutes deux inconnues. Et c’est cela qui m’excite le plus. » (Mark Thompson, «Mapplethorpe», The Advocate, Atlanta, 24 juillet 1980).

lundi 7 décembre 2015

Singin' in the rain

Reprise de la fameuse comédie musicale portée à l'écran par Stanley Donen et Gene Kelly.
Les thèmes du cinéma et de la réussite "à l'américaine" parcourent cette pure œuvre de divertissement si innocente et euphorisante. Avec des scènes d'anthologie, comme le fameux "Singin' in the rain", bien antérieur au film, ou le numéro de claquettes sur "Moses supposes his toeses are roses". Beaucoup d'airs fameux de Freed et Brown ont été placés dans le film de 1952.
Il y a, selon moi, trop de scènes au burlesque outrancier, au-delà des séquences de film muet. Ces dernières, tournées au Château de Versailles, raillent joyeusement les vieux films de capes et d'épées. Les deux personnages principaux ne sont pas très attachants : Don a l'air benêt et Lena, qui est pourtant une amoureuse éconduite, est de bout en bout horripilante.
Le spectacle est néanmoins réussi par l'équipe à qui l'on doit My Fair Lady: de très beaux décors en noir et blanc, des costumes sublimes, une musique très variée qui mobilise tout l'orchestre et des chorégraphies enlevées mais pas tape-à-l'œil. 
Comme c'est un "backstage musical", il faut montrer les coulisses, derrière l'écran. Robert Carsen a trouvé la parade : en projetant à l'envers le fameux "the end", quitte à le figer. Et il fait participer le public à ce spectacle fait de mises en abymes. Le spectacle commence d'ailleurs par une projection avec Châtelet Production au générique sur fond d'Hollywoodland. De quoi nous émerveiller.

37è Trans Musicales, samedi

A l'Étage, Ruben livre un trip-hop sombre et tourmenté. Scénographie intéressante avec mapping sur trois triangles comme de grands bateaux en papier. 
La Mverte, show acid et puissant. Le musicien prend la guitare ou les baguettes pour un show solo qui n'est pas lassant. 
Darius, que dire d'un DJ qui joue "Get Get Down" de Paul Johnson à Rennes ? Une house déjà entendue. Merci pour la prise de risque, le Bordelais peut aller se produire à Ibiza. Pendant ce temps là, Powell joue les rythmiques déstructurées et breakbeat, puissant mais déroutant pour le dancefloor. 

Khun Narin est une formation traditionnelle thaïlandaise qui joue une musique instrumentale avec guitare électrique, phin (luth à trois cordes) et percu omniprésente. Plus rock tradi que musique traditionnelle matinée de rock. 

Le britannique Vandal et sa ragga techno conquiert la foule. Mais c'est un peu long 1h45. Entre jungle et gabber. 

Okmalum rappeur sud-africain et pourtant assez classique avec ses deux beatmakers mais prods très diversifiées. 

Le Français Ghost Dance mixe une techno martiale voire bourrin. 

Le trio sud-coréen Idiotape additionne les énergies du rock et de l'electro mais sans grandes nuances, mais c'est festif et efficace. Entre Cut Copy, Soulwax ou South Central.

Comme Organic Bananas (vus hier), France utilise la vielle, avec son aspect didgeridoo hypnotique. C'est pratique, le musicien peut boire une bière de l'autre main. Dans leur trip, les musiciens ne regardent pas le public voire lui tournent le dos. Un continuum répétitif mais addictif. Il faudrait prendre des hallucinogènes ou s'allonger pour mieux en profiter. Mais cette sorte de E2E4 post rock aux réminiscences du folklore français est magnétique et trippant à condition d'y rentrer. En bons autistes, les musiciens ne saluent pas. 

Les sud-africains The Brother Moves On délivrent une soul-afrobeat assez tranquille, mais hésitengt trop entre ces deux styles. Pas de mélodies accrocheuses, de sonorités très afro ou de rythmiques sautillantes, mais le chanteur a une belle voix. 

Le Brésilien Alex Stein balance une techno efficace mais pas très originale. Il termine avec Satisfaction de B. Benassy, qui représente bien la couleur de son mix (grosses basses, rythme lourd), le côté EDM en moins, qui gâche un peu son final. 

Molécule fait vibrer le hall 9 comme un cargo au son de ses infra basses. Mais l'immersion visuelle est moins intense qu'avec le 360° à la Gaîté Lyrique. Enfin, la fête s'achève avec Fatnotronic, deux DJs qui jouent fat et disco. Un remix de Silva ou Banda Black Rio, Joutro Mundo, le tempo est lent, comme le duo Tiger & Woods passé au même endroit en 2013. Leurs edits mêlant boucles acid et disco-funk brésilienne donnent le sourire.

dimanche 6 décembre 2015

37è Trans Musicales, vendredi

Aux Bars en Trans, je vois les concerts de Angels, L.O.A.S., Rezinsky (rap). Les Gordon trop infleuncé par Todd Edwards. Il reste toujours sur le même registre avec ces découpages de voix sur des rythmiques nu house. 

Plus tard aux Trans, The Dizzy Brains est du rock énervé déjà entendu sauf chanté en malgache. Bref, rien de neuf sous le soleil, sauf de Madagascar. 

Worakls Band tourne au Rondo Veneziano EDM ultra pechu. Deux violons, un violoncelle contemporain et une guitare accompagnent le DJ. 

Mawimbi nous le dit  "it began in Africa", le collectif commence doucement voire avec un volume trop bas. Une équipe de DJs, ça rappelle quelque chose (Birdy, C2C, la Fine Équipe...). Heureusement un percussionniste donne une touche un peu organique à un live qui aligne beaucoup de samples de voix africaines. Mais côté percus, on ne sait plus qui fait quoi. Ce live mériterait parfois un peu d'épure pour être plus efficace. On en regretterait presque Africanism... Passages orientaux, quasi cumbia ou Candido "Jingo". 

Peu de shows visuels remarquables ce soir au Parc Expo.

mercredi 4 novembre 2015

Premier Festival d'Humour de Paris

Après 40h au Point Virgule pour ses 40 ans, rendez-vous à Bobino pour le Grand Gala du Pranzo, la pizzéria où sont passés Kev Adams, Arnaud Tsamere, Baptiste Lecaplain, Bérengère Krief, Florent Peyre, Anne-Sophie Girard... tous les noms sur l'affiche étaient archi connus, sauf "Pranzo" comme l'expliquent les organisateurs.
Fin le lendemain avec le Grand Prix (très mérité) remis à un jeune humoriste : Paco Perez. Il n'est pas le nouveau Devos ou Desproges, mais il est prometteur !



lundi 19 octobre 2015

Elser, Un Héros ordinaire 259

Allemagne, 8 Novembre 1939. Adolf Hitler prononce une allocution devant les dirigeants du parti nazi dans la brasserie Bürgerbräu à Munich. Une bombe explose, mais Hitler ainsi que Joseph Goebbels, Heinrich Himmler, Martin Bormann et d’autres ont quitté les lieux quelques minutes plus tôt. L’attentat est un échec. Rattrapé à la frontière suisse alors qu’il tentait de s’enfuir, Georg Elser est arrêté puis transféré à Munich pour être interrogé. Pour les Nazis, il s’agit d’un complot et on le soupçonne d’être un pion entre les mains d’une puissance étrangère. Rien ne prédestinait Georg Elser, modeste menuisier, à commettre cet acte insensé ; mais son indignation face à la brutalité croissante du régime aura réveillé en lui un héros ordinaire…

Le scénariste du film explique après la projection que ce héros ordinaire a été occulté dans l'histoire allemande. Sa famille a donné peu d'indications et aucun écrit de lui n'est connu.

Si parmi la quarantaine de tentatives d'attentats contre Hitler beaucoup étaient le fait de groupes, ici Georg Elser a agi totalement seul, apprenant à construire un engin explosif, creusant une cachette nuit après nuit dans la brasserie.
Le film montre cette destinée individuelle mais aussi le contexte politique dans son village qui le pousse à agir : humiliations, arrestation des opposants politiques, embrigadement des enfants et des adultes, mais aussi détournement de l'usine locale pour produire secrètement des armes avant l'entrée en guerre…

mercredi 5 août 2015

Snow Therapy

Une famille suédoise passe ensemble quelques jours de vacances dans une station de sports d’hiver des Alpes françaises. Lors d’un déjeuner dans un restaurant de montagne, une avalanche vient tout bouleverser. Les clients du restaurant sont pris de panique, Ebba, la mère, appelle son mari Tomas à l’aide tout en essayant de protéger leurs enfants, alors qu'il a pris la fuite ne pensant qu’à sauver sa peau et son iPhone… L’avalanche s’est arrêtée juste avant le restaurant, et la réalité reprend son cours au milieu des rires nerveux. Il n’y a aucun dommage visible, et pourtant, l’univers familial est ébranlé. La réaction inattendue de Tomas va bouleverser Ebba et un couple d'amis. Une comédie grinçante sur le rôle de l’homme au sein de la famille moderne. Qu'aurait fait son ami dans une telle situation ? Sa femme pense qu'il aurait été tout aussi lâche, lui prétexte que les instincts devancent l'éducation dans de pareils moments.

vendredi 24 juillet 2015

Noos aux Tuileries

Tous les deux viennent du cirque. Lui, par vocation précoce, elle, par désir adolescent. Depuis leur rencontre à l’École nationale de Rosny, ils ne se lâchent plus. Lui, porteur, elle, voltigeuse. D’abord main à main, les voilà corps à corps, dans un dialogue acrobatique et poétique aux limites du décrochage, de la bascule et de la fusion.
C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Celle de Frédéri (Vernier), démangé par le cirque dès son plus jeune âge, qui, au Centre régional du cirque Balthazar de Montpellier, découvre à 18 ans le rôle de porteur et y prend goût. Et de Justine (Berthillot), petite gymnaste puis jeune danseuse touchée par les arts et licenciée en philosophie, révélée aux sensations acrobatiques à l’école de cirque de Bourg-en-Bresse.
Ils se sont croisés au bord de la piste de l’École nationale du cirque de Rosny-sous-Bois, un jour de 2009. Depuis, leur complicité devient une évidence. Deux moitiés qui trouvent l’une chez l’autre le reflet d’elles-mêmes.
Le porteur et la voltigeuse… On en a vu d’autres, mais dans Noos pas de juste-au-corps pailleté moulant une musculature de fort-à-bras, pas de combinaison à trou-trous couleur chair ni de maquillage waterproof bleu et or. Un simple carré de lumière, une présence musicale et deux corps. Rien d’autre. Deux corps en contact qui construisent un dialogue physique fluide, poétique, où chacun donne à l’autre son énergie, lui insuffle la vie ou s’affaiblit jusqu’à se perdre. Un engagement physique en douceur, une danse acrobatique où la force s’efface devant la grâce.
Qui porte qui ? Qui est maître du corps de l’autre ? Glissements, lâcher-prise, étreintes, portés, déséquilibres et rattrapages, face à face, dos à dos, à terre, en l’air… Justine et Frédéri dessinent une effusion des corps à couper le souffle. 

mardi 7 juillet 2015

Live Magazine #3

Live Magazine était de retour pour sa troisième édition le 6 juillet au Théâtre de l'Atelier. Sur scène, des journalistes racontent des histoires, entre souvenirs de reportages et rencontres touchantes, sous la forme d'une “revue vivante”.   Lila Msissou commence par relater son infiltration parmi les djihadistes de Daech. D'abord via leurs profils Facebook, qui arborent des chatons, pour attirer les jeunes filles, puis à la frontière turque, où des passeurs doivent l'amener vers son futur mari. A l'hôtel, elle rencontre une gamine de 15 ans dans la même situation, très sûre d'elle, qui se fait belle.
Marcelo Wesfreid raconte les déjeuners avec les ministres, dont il a photographié les plats avec son iPhone. John Godfrey Morris (98 ans et 5 fois veuf), raconte son équipée avec Robert Capa en 1944. Anne Georget montre ces étonnants livres de recettes de cuisine écrits dans les camps, comme pour sauver la culture, la tradition familiale… Aurélie Charon et Caroline Gillet concluent par le récit du parcours d'une jeune bangladeshi qui a refusé patriarcat et religion pour s'exiler en France.

jeudi 2 juillet 2015

Mustang

Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

Le film de Deniz Gamze Ergüvencommence par des adieux déchirants des jeunes filles alors maîtresse. On ne comprend pas alors que les quatre sœurs vont être écartées de l'école, du savoir, de la société, pour être enfermées dans la maison familiale. Plus les jeunes filles sont bridés, plus elles sont espiègles insoumises. C'est une sorte de Virgin Suicide à la turque. La virginité et l'obsession de la grand-mère et de l'oncle des jeunes filles, lesquels les parquent avant d'en négocier le mariage, comme n'importe quelle vente. 

Elles ne profiteront que d'un moment de liberté volée, lors d'un match de foot uniquement réservé aux femmes (les mâles supporters étant bannis). Les grand-mères les aperçoivent à la télévision, elles font sauter les plombs de la maison puis du village, pour que les hommes ne s'en aperçoivent pas. Une scène à hurler de rire !
Le scénario est un peu prévisible, mais la fraîcheur du jeu des actrices nous emporte. 
La petite dernière, la plus insoumis, essaiera d'apprendre à conduire échapper vers Istanbul, la ville des libertés et du savoir, où elle retrouvera sa maîtresse.

mardi 23 juin 2015

Paris Danse Hip Hop


mardi 2 juin 2015

Doreen au Carreau du Temple

C’est l’histoire de leur amour.  Doreen et André. La lettre est publiée. Un an passe. Puis ils décident de mourir ensemble. On est en septembre 2007. C’est le soir. Et nous sommes chez eux, dans un dernier refuge. Nous imaginons les mots de Doreen, qui va parler, et les mots d’un André, qui pourrait être Gorz. C’est leur dernière heure.

Les spectateurs sont accueillis par les deux comédiens dans un salon reconstitué dans le gymnase du sous-sol du Carreau du Temple. Nous sommes leurs témoins. André et Doreen parlent d'abord en même temps, puis séparément pour raconter la même histoire, celle de cette lettre d'amour d'André à Doreen, écrite et publiée au crépuscule de leur existence.

Le 23 octobre 2002 : j'ai perdu la foi au Carreau du Temple

Devant sa télévision, un homme se souvient et se confronte alors à ses angoisses et ses échecs passés, à travers "Lost Faith", le groupe de rock de sa vie. La mise en scène comme le texte sont rock'n'roll, ils mêlent non-sens, humour, provoc et questions existentielles. 

jeudi 2 avril 2015

Appels en absence

Adaptation du texte américain "Dead man's cell phone", dont le titre est plus éclairant en anglais qu'en français.

"Jean est assise au café. Un téléphone portable n'arrête pas de sonner à la table d’à côté. Quand son propriétaire, Gordon, refuse de répondre, elle se rend compte peu à peu qu’il vient de mourir. Jean décide de garder Gordon en vie en répondant au téléphone à sa place. Elle réussit à rencontrer sa famille, ses collègues et même le mort lui même. Pour ses proches, Jean fabrique une version embellie et imaginaire de ce qu’il fut. Elle invente avec prouesse ses derniers mots, ses regrets et son amour pour chacun. Commence alors pour Jean une grande aventure existentielle qui va la précipiter loin de ses habitudes et jusqu’aux confins de la conscience, dans un au-delà onirique, souvent cauchemardesque, mais la plupart du temps merveilleux."

La mise en scène d'Emily Wilson est inventive, les comédiens plutôt bons, mais le texte n'arrive pas à décoller, ni touchant, ni drôle, ni poétique. L'idée de s'immiscer dans la vie d'un mort via son téléphone mobile était bonne, mais me semble mal exploitée par l'auteure. On sent le temps passer, malgré quelques amusants rebondissements (un trafic d'organes en Afrique du Sud, la rencontre au Paradis avec le mort qui voulait une bisque de homard avant de mourir…).
La pièce n'interroge pas tant que cela sur la place de l’humain dans un monde hyper-connecté.

lundi 9 mars 2015

Andre au Carreau du Temple

©Mario-Del-Curto
André ? Il s'agit d'Agassi, star du tennis de 1986 à 2006, né à Las Vegas en 1970. Point de départ de cette pièce : l'aveu du champion à la fin de sa carrière qu'il haïssait le tennis (son autobiographie de 2009). La pièce raconte un huis-clos familial fait de sacrifices où la performance, aller toujours plus loin est devenu habituel, banal, sans (se) poser de questions.
Dans un décor de cuisine minimaliste, la comédienne Marie Rémond, qui signe la mise en scène, incarne Agassi dont elle n'a de ressemblant que la tignasse grâce à une perruque blonde. Et pourtant, l'identification fonctionne à merveille, à la fois brutale et sensible.

jeudi 5 mars 2015

Bowie vu par Découflé

Le premier personnage est un sosie parfait de David. Les trois premières chansons ne sont pas accompagnées de danse, on reste donc d'abord un peu perplexe. Jehnny Beth, Française exilée à Londres, Jeanne Added et la Suissesse Sophie Hunger interprètent les chansons de Mr Jones.
Ensuite, la chorégraphie est très années 80 sur Let's dance. Puis des numéros de cirque surprennent, sur une corde ou dans un cerceau. Les artistes s'amusent à reconstituer en direct les pochettes de disques les plus célèbres de Bowie avec accessoires et déguisements. On craint l'illustration gratuite et jolie, mais les chorégraphies et les numéros de cirque donne plus de puissance, d'élégance et d'ampleur aux chansons de David Bowie.
Le spectacle est total et la salle de la Cité de la Musique utilisée dans toutes ses potentialités : scène avancée, projections video, boule à facettes, cordes… Le public est immergé dans le spectacle.

mardi 17 février 2015

Génériq 2015


Rendez-vous chez Est Imprim, les machines ont été poussées pour que The Parrots puissent faire gronder leur rock-surf. Direction ensuite le Musée des Beaux-Arts de Besançon, vide pour cause de rénovation. Dans un espace tout en béton, le Britannique Ghost Culture livre en solo ses chansons électroniques à deux mètres de hauteur, avant de laisser la place un peu avant 23h au Français Thylacine pour un live plus techno.
Rendez-vous le vendredi à Dijon où la pop des Britanniques de Nimmo a fait la veille grande impression. Direction le Clos de la Perrière pour une dégustation de Côte de Nuits, après le concert solo de Dad Rocks au domaine. Le jeune danois est un peu le fil rouge de cette édition, avec pas moins de huit concerts programmés.
Ce vendredi soir, le label français Pan European Recording est à l'honneur à la Vapeur, la Smac de Dijon. Arthur Peschaud, label manager, accompagne ses trois artistes se produisant en solos  : Judah Warsky, Buvette et Flavien Berger. Dans la grande salle, le duo guitare-machines Kuage prend le relais, suivi de Kele puis de Rone.

Flavien Berger joue le lendemain au milieu des Picasso et des Léger à la Donation Dardot de Belfort. Ambiance vernissage. Un peu avant, Loup Barrow et le violoncelliste Goulven Ka avaient investi le planétarium de Belfort avec un étrange instrumentarium  : cristal Bachet, hang et séraphin.

En début de soirée, nous assistons à un concert en appartement de l'énergique rappeuse Sianna. 
À vingt minutes de voiture de là, Feu Chatterton fait vibrer le Moloco, salle située à Audincourt, avant Carl Barât.
Dimanche, dernier jour du festival Génériq, DJ Pone secoue un salon de thé cosy de Belfort. La veille, il se produisait au Noumatrouff de Mulhouse avec son projet Sarh.

lundi 9 février 2015

Voyages avec ma tante


Henry Pulling, vieux garçon, employé de banque à la retraite, amateur de poésie lyrique et de dahlias, mène une vie tranquille. Quand tante Augusta, 70 ans, excentrique, charmante et volage surgit à l'enterrement de sa mère... elle entraine Henry dans un tourbillon d'aventures internationales exotiques et romanesques ! Quatre acteurs jouent plus de vingt rôles, jeune fille en fleur, agent-secret américain, voleur argentin, Générale allemande, trafiquant d'art italien, vieille anglaise, etc... et même un chien ! Adapté du célèbre roman de Graham Greene (film réalisé par George Cukor, sorti en 1972), Voyages avec ma Tante est l'aventure d'une vie. Une escapade théâtrale irrévérencieuse, captivante et inoubliable !La pièce est menée tambour battant, le spectateur doit suivre, car un même personnage peut être interprété par différents comédien durant la même scène. La délirante Tante Augusta est le plus souvent interprétée, magistralement, par Claude Aufaure. L'humour et l'ironie sont omniprésents sans tomber dans un comique très contagieux (c'est le seul bémol).

De Brighton à Istanbul en passant par le Paraguay, la pièce
Costumes et décors sont réduits au minimum (des chapeaux melons et un wagon de l’Orient-Express), mettant en avant la performance des quatre comédiens, aussi à l'aise à jouer un perroquet qu'une horloge comtoise.


lundi 26 janvier 2015

Gustavo Dudamel à la Philharmonie

Julián Orbón "Tres Versiones sinfónicas" 
Gustav Mahler "Symphonie n° 5"


Le chef Gustavo Dudamel était à la Philharmonie avec son fameux Orquesta Sinfónica Simón Bolívar de Venezuela.


Julián Orbón est né en Espagne en 1925. Après des études au Conservatoire d’Oviedo, il suit sa famille à La Havane où il commence très jeune à composer et se forme auprès de José Ardévol, le plus grand compositeur cubain du début du XXe siècle. Dans les années 1940, Orbón devient membre du Grupo de Renovación Musical d’Ardévol, lequel, comme d’autres mouvements nationalistes de l’époque, tente d’établir les principes d’une musique classique basée sur les traditions indigènes.
La première partie, Pavana, prend pour modèle la musique espagnole du XVIe siècle mais la revêt du style de Copland, avec lequel Orbón a étudié en 1946.
Ces trois versions sont hautes en couleurs et très démonstratives, donnant autant de place aux cuivres qu'aux cordes ou aux percussions, aux côtés du piano. (notes de concert)

Pour sa cinquième Symphonie, Gustav Mahler délaisse la voix mais livre une œuvre polyphonique, longue, puissante, riche de ruptures. Elle s'ouvre par une sonnerie de trompette solo, s'interrompt par exemple par des pizzicati.


dimanche 11 janvier 2015

Niki de Saint Phalle au Grand Palais


Née en France en 1930, Niki de Saint Phalle va vite vivre aux États-Unis, elle se marie à l'âge de 19 ans. Épouse, mère mais aussi mannequin, elle fréquente énormément le milieu de l'art et devient une artiste autodidacte. Ses premières œuvres sont des assemblage d'objets hétéroclites et des drippings, façon Jackson Pollock. Durant toutes les 60, elle réalise ses tirs. Elle explique : "ce rituel me permettait de mourir de ma propre main et de me faire renaître."

Sur le mur de la rage elle explique qu'elle tire sur la faim, l'injustice, le fanatisme religieux, le sida, la décadence, le conformisme ou l'ignorance.
Ses tirs atteignent des structures de plâtre et des sacs de peinture qui explosent lorsqu'ils sont touchés par une balle. 
Entre-temps, elle divorce et se mariera avec Jean Tinguely qui a fait de même.
"Le communisme et le capitalisme ont échoué. Je pense que le temps est venu d'une nouvelle société matriarcale." défend t-elle. 
Après ses sorcières, mariées et déesses, elle réalise ses fameuse Nanas en papier collé, laine, tissu et grillage. Dans une vidéo, elle expose qu'on devrait verser un salaire au maire car c'est un vrai métier à temps plein. La taille de ses Nanas est à la mesure du pouvoir des hommes.
Le Jardin des Tarots
De 1978 à 1998, elle réalise le jardin des Tarots, suite à un déclic qu'elle a eu dans le parc Güell de Barcelone. Elle veut alors elle aussi réaliser son palais façon Facteur Cheval.