dimanche 13 mars 2016

Ark Tattoo

Un homme moustachu au crâne dégarni nous invite avec un fort accent anglais à regarder ses antiquités. Nous entrons comme dans un garage, faisant office de vide grenier, installé sur la scène du théâtre. Pendant de longues minutes, il nous propose de chiner en nous informant que tout est à vendre. Entre de vieux Playboy et des livres poussiéreux, personne n'est tenté. Le dispositif scénique est original, puisse que les spectateurs ne sont pas assis sur les gradins mais déambulent sur scène. Le brocanteur nous demande de disposer des chaises pour nous asseoir. 


Il nous raconte alors son histoire : orphelin il a subi des traitements pour troubles comportementaux, d'où certaines pertes de mémoire. Il va dès lors jouer avec le public aux jeux qu'il pratiquait avec un de ses pères adoptifs : les spectateurs choisissent les yeux fermés un objet dans un vieux camion qu'il porte en bandoulière. À chaque objet (une vieille chaussette, un bout de taule, un tuyau), correspond un numéro, lequel appelle un souvenir qu'il nous lit, écrit sur une feuille façon scrapbooking. Il nous raconte ainsi sa vie par bribes, sans réelle cohérence ou chronologie. Le spectateur tente de recoller les morceaux de ce puzzle différent à chaque représentation, se demandant ce qui est vrai ou faux, car il y a parfois des contradictions. Il vaut mieux suivre. Nos sentiments sont ambivalents vis-à-vis de cet homme à la fois attachant et effrayant, selon qu'il est sincère ou manipulateur.

Par la compagnie Elapse. Vu au Théâtre de l'Opprimé.