samedi 25 mai 2013

DJ Harvey @ Wip

Dans le cadre de Villette Sonique, je retrouve DJ Harvey, vu l'an dernier à Sonar. Je le trouve moins inspiré dans cette salle dans la pénombre que sous le soleil de Barcelone. Son set est très progressif, à base d'edits d'instrus disco plutôt réussis, notamment un remix mortel de Raw Silk.

Comeme


Quand je pense qu'on va vieillir ensemble


L’ambiance est plantée dès que l’on pénètre dans la superbe salle des Bouffes du Nord : roulements de tambours, trompettes, hourras et applaudissements en fond sonore, terre sur tout le plateau, braseros, palettes de bois et vieux matelas. La troupe des Chiens de Navarre dispute une partie de pétanque, maculés de sang et affublés de fausses dents tordues. Le tableau est saisissant : on va voir ce qu’on va voir, les enfants terribles du théâtre vont encore frapper.



Puis c'est un playback très décalé (toujours avec fausses dents, et avec balai-guitare) du I've been loving you too long, d'Otis Redding par Ike et Tina Turner.



Quand je pense qu'on va vieillir ensemble n’évoque pas particulièrement le couple, comme le faisait Pommerat dans ses Deux Corées, mais plus généralement comment vivre avec l’autre, les autres et avec soi-même.



Cela commence par deux coaches qui nous apprennent à contre-balancer les petites actions positives du quotidien par « même si », après avoir épousseté ses soucis et renoncements et changé de prénom. Yasmina raconte ainsi « j’ai souhaité un bon anniversaire à ma sœur même si je couche avec son mari. » S’ensuit une séance de coaching « entretien » à Pôle Emploi, où la situation devient cocasse quand la candidate engueule le DRH d’un « j’t’en pose des questions ? J’te demande si t’en as des qualités ? J’ai pas que ça à faire. J’t’ai envoyé un CV pour ça ! » Le coach l’encourageant : « Bien. Inverse le rapport hiérarchique. »



Les blagues sur la porte que le candidat a du mal à imaginer ou le truc de l’absence d’essuie-mains dans les toilettes pour justifier les mains moites font sourire, mais sans plus. Beaucoup de gags visuels qui font pourtant hurler de rire nombre de gens, l’acmé en étant Lapinou qui joue au docteur avec une princesse et maltraite son pénis en tirant dessus pendant cinq bonnes minutes.



Il y a ce couple dans une voiture, deux chiens à l'arrière, qu'ils traitent comme leurs enfants. À moins que le vrai couple ne soit à l’arrière, avec leurs instincts primaires et leur égoïsme. Il y a la cruauté du couple, la méchanceté du groupe et l’impératif de la société à réussir, dont la  troupe met à nu le mal être. Une citation de l'auteur suédois Stig Dagerman "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier", est le point de départ à partir duquel les comédiens ont improvisé, sous la direction de Jean-Christophe Meurisse.

mardi 21 mai 2013

Daft Punk “Random Access Memories”

Le duo français livre un quatrième album loin des musiques électroniques, hommage à leurs racines funk. Un disque dense et organique sur lequel les Daft Punk ont invité les artistes qu’ils admirent. Après plusieurs années de silence du duo casqué, ce disque, soutenu par une efficace campagne publicitaire pouvait autant décevoir qu’il était attendu. En 1997, les Daft Punk consacrait la techno et la house filtrée avec leur premier album, le second était délibérément pop et le troisième conviait de tonitruantes guitares, avant leur B.O. symphonique de « Tron ». Comme son nom le suggère, « Random Access Memories » se tourne vers le passé musical des Daft Punk et de l’electro. Ce long album de 74 minutes s’ouvre avec un titre de funk tranquille et un refrain passé au vocoder, un effet déjà entendu sur les précédents opus du duo. « Giorgio by Moroder » donne la parole au pape italo-allemand de la disco des années 70, dont le témoignage est accompagné par une basse et une rythmique très funky, façon Cerrone, avant que ce titre épique ne lorgne vers la musique du compositeur de la bande originale de « Midnight Express » et ne soit submergé par des guitares électriques. On se calme avec Gonzales au piano, avant d’entendre Julian Casablancas des Strokes (encore du vocoder !) dans une complainte assez classique. « Lose Yourself to Dance » est plus original, funk dépouillé et sensuel chanté par Pharrell Williams. La voix du jeune septuagénaire Paul Williams transcende le très réussi « Touch », qui évoque David Bowie. Un titre de pop psychédélique très riche et très travaillé, mélancolique et trouble. « Get Lucky » est aussi un titre de funk tranquille et sans grande surprise, mais son refrain imparable achèvera de convaincre les indécis. L’album se conclue par un décollage entraînant et assourdissant, « Contact ». Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo se sont fait plaisir tout en voulant surprendre. Aucun sample ou presque sur cet album, les machines sont en retrait. Les deux Français ont pris le temps d’enregistrer à l’ancienne avec de grands musiciens qu’ils admirent (Giorgio Moroder, le batteur de Michael Jackson, Nile Rodgers de Chic…), dans de prestigieux studios américain. Basse, guitare pedal-steel et clavier Rhodes sont omniprésents sur ce disque hommage à la musique de leur jeunesse. Avec « Thriller » de Michael Jackson en ligne de mire, qui réussissait ce métissage improbable entre funk, pop et rock. Pas de révolution musicale donc, mais un bel album rétro qui navigue entre funk seventies, rock californien et electro, et bouscule les frontières entre les genres.

Réunion d’influences aux Électropicales



Des musiques électroniques à la Réunion ? On ne s’attend pas trop à en entendre sur l’île du maloya et de Daniel Waro. Et pourtant, nombre de DJs et de producteurs se retrouvent au festival Électropicales, dont la cinquième édition avait lieu à Saint-Denis, du 16 au 19 mai 2013.




Au stade de Champ Fleuri, ce vendredi à 20 heures, deux joueurs de tennis terminent leur partie sous les projecteurs, au son du DJ local Matt Waro. La cinquième édition du festival des Électropicales a investi les lieux. La soirée sera placée sous le signe des infra basses : dubstep, trap music, bass music… La jeunesse réunionnaise écoute beaucoup de reggae, de dancehall et de reggaeton. Sébastien Broquet, le programmateur des Électropicales explique : « La scène electro est encore jeune, fraîche et de plus en plus variée. Nous sommes passés d’une scène techno presque 100% zoreil (des arrivants de métropole, NDLR) à une scène très métissée et curieuse. »
Ce n’est que la cinquième édition des Électropicales, c’est dire si les musiques électroniques ont mis du temps à traverser les océans. Le développement de l’Internet haut débit a favorisé leur propagation. Matt Waro, qui passera son bac dans quelques semaines, joue du moombahton, « une musique electro au ralenti sur des rythmiques reggaeton » détaille ce fan de Diplo et de Dave Nada. « Mon père est musicien de sega, mais je n’aime pas ça. Dans ma musique, les influences tropicales viennent d’ailleurs. »
Venue de métropole, Missill livre ensuite un mash up (en français mégamix) pied au plancher, sans temps mort.

Missil, déchaînée

Sega et electro
La veille, le bar restau les Pot’Irons accueillait notamment le DJ Culoe de Song, venu défendre sa vision sud-africaine de la house. Une bonne partie des artistes electro réunionnais est venue l’écouter.
Jako Maron, ex-membre des Ragga Force Filaments (rap créole) passé à l’electro, se souvient : « j’écoutais du sega comme du Jean-Michel Jarre ou du Depeche Mode. Il n’y avait pas beaucoup d’autres choses qui arrivaient à la Réunion. Un matin, je me suis détourné du rap que je produisais pour me tourner vers les poètes réunionnais et ma musique s’est ouverte. » Son album « z’Amalgame » mélangeait slam, maloya et effets électroniques, avant une interprétation plus electro du genre traditionnel dans « Saint Extension ». Son titre « Zitarane » conte en créole les méfaits d’un bandit bien connu de l’île. « J’ai enregistré la voix sur un rythme de sega avant de la poser sur une rythmique electro, ce qui provoque comme un flottement. »
Le lendemain à Champ Fleuri, la soirée est plus techno. Techno minimale avec Alex Roland ou les Allemands Âme, Prommer & Barck. Puis techno pure et dure avec le réputé Jeff Mills, DJ originaire de Detroit aux États-Unis.

Un Allemand en exil

Le dimanche après-midi, les réunionnais Titus, Al-1, Dani Llonga et DJ Vague investissent le Barachois, la promenade du bord de mer de Saint-Denis. Alexander Barck, membre du collectif berlinois Jazzanova, n’est pas seulement de passage aux Électropicales. Il a suivi sa femme, enseignante française, pour une année à la Réunion. « Après l’agitation berlinoise, c’était la première fois que je me retrouvais seul pour travailler… au début. Ici, j’ai vu des personnes d’un certain âge en transe sur du maloya, cela me rappelait certains clubbeurs du Berghain à Berlin. Je prépare mon premier album solo, qui sortira en octobre 2013 et s’appellera « Réunion ». Sébastien, des Électropicales, m’a présenté plusieurs artistes réunionnais. J’ai travaillé avec la chanteuse Christina Salem. J’ai aussi rencontré Kwalud et Jeremy Labelle, dont je publie les titres sur mon label. » Intitulé Réunion records, c’est le sous-label du fameux Sonar Kollektiv de Jazzanova. Les trois compères aimeraient ensuite tourner ensemble en Europe.
Jérémy Labelle, Alexander Barck et Kwalud au Barachois


Créole métropolitain revenu à la Réunion, Jérémy Labelle a grandi avec la techno de Detroit. « J’y ai ressenti les racines africaines, comme on les ressent dans le maloya. Ce dernier m’inspire beaucoup. » Sa musique, ouvragée et contemplative, se nourrit par exemple des influences indiennes comme africaines.
DJ et producteur, Kwalud navigue entre techno et bass music, lui aussi très attentif aux sons africains ou haïtiens. Il a également composé pour le spectacle « Kok Batay ». Autre expérimentateur, Subhash Dhunoohchand, joueur de tabla, frotte son instrument à de l’électronique. Très versatile, Psychorigid télescope trap music, acid techno ou dubstep, avec des samples de musique indienne ou de voix créoles.
L’electro péï (locale) prend donc racine, mais la relève de la French touch y est encore timide. Jeff Mills nous confie : « je ne connais pas la Réunion, mais elle pourrait devenir comme Ibiza, une île dont la musique enthousiasme de l’Europe jusqu’aux États-Unis. »

lundi 20 mai 2013

Jeff Mills à la Saline


samedi 18 mai 2013

Deux solos de Hiroaki Umeda

A la fois chorégraphe et interprète, compositeur et vidéaste, le Japonais Hiroaki Umeda développe à travers ses travaux un univers visuel et sonore à l'esthétique minimaliste et radicale. Entre projections de couleurs hallucinatoires et explosions lumineuses, il utilise la vidéo et les musiques électroniques pour transformer le corps du danseur. Les deux solos qu'il propose au public du TEAT Champ Fleuri, Holistic Strata et Haptic.



jeudi 16 mai 2013

Leu Tempo (3)

Ieto jouait à la ravine, mais je les ai loupés ! Quel dommage… un spectacle extraordinaire, toujours sur le fil. Extrait ci-dessous

lundi 6 mai 2013

Nuits Botanique, vingtième !

Les Nuits Botanique fêtaient leur 20è édition à Bruxelles, au Jardin Botanique. Pendant que quelques poissons rouges nagent dans les bassins au pied des plantes sous serre, Skip&Die secoue l'Orangerie avec déflagration jungle, sons indiens et percus africaines. Mais la recherche d'efficacité fait perdre en originalité, pourtant si surprenante. Mesparrow dans la petite salle de la Rotonde convainc avec ses chansons solo très vaporeuses. Woodkid fait dans le péplum avec plein de stroboscopes, mais ce n'est pas assez rock pour que le public danse, bien qu'il soit conquis d'avance. Enfin, Jean-Louis Murat en formule intimiste très classe (un batteur) avec des chansons touchantes et Dan Lacksman (Telex) revient avec sa fille pour une electro sombre et dansante.

mercredi 1 mai 2013

ME.012 @ Cabaret Sauvage

La fine fleur du label items & things était invitée au Cabaret Sauvage.
Après Tomas More, Troy Pierce prend les platines, mais sa minimale ne décolle guère ni ne nous hypnotise, une bonne techno, mais d'abord guère funky. Peut-être faudra t-il attendre Magda, mais je n'ai guère le courage de rester… Dans la salle, Chloé est venue assister à la soirée, avant de se produire au Point Ephémère. Elle me dit qu'elle n'ira pas à Barcelone cette année (on s'y était rencontrés en 2012) mais jouera prochainement au Showcase.