vendredi 24 juillet 2015

Noos aux Tuileries

Tous les deux viennent du cirque. Lui, par vocation précoce, elle, par désir adolescent. Depuis leur rencontre à l’École nationale de Rosny, ils ne se lâchent plus. Lui, porteur, elle, voltigeuse. D’abord main à main, les voilà corps à corps, dans un dialogue acrobatique et poétique aux limites du décrochage, de la bascule et de la fusion.
C’est un beau roman, c’est une belle histoire. Celle de Frédéri (Vernier), démangé par le cirque dès son plus jeune âge, qui, au Centre régional du cirque Balthazar de Montpellier, découvre à 18 ans le rôle de porteur et y prend goût. Et de Justine (Berthillot), petite gymnaste puis jeune danseuse touchée par les arts et licenciée en philosophie, révélée aux sensations acrobatiques à l’école de cirque de Bourg-en-Bresse.
Ils se sont croisés au bord de la piste de l’École nationale du cirque de Rosny-sous-Bois, un jour de 2009. Depuis, leur complicité devient une évidence. Deux moitiés qui trouvent l’une chez l’autre le reflet d’elles-mêmes.
Le porteur et la voltigeuse… On en a vu d’autres, mais dans Noos pas de juste-au-corps pailleté moulant une musculature de fort-à-bras, pas de combinaison à trou-trous couleur chair ni de maquillage waterproof bleu et or. Un simple carré de lumière, une présence musicale et deux corps. Rien d’autre. Deux corps en contact qui construisent un dialogue physique fluide, poétique, où chacun donne à l’autre son énergie, lui insuffle la vie ou s’affaiblit jusqu’à se perdre. Un engagement physique en douceur, une danse acrobatique où la force s’efface devant la grâce.
Qui porte qui ? Qui est maître du corps de l’autre ? Glissements, lâcher-prise, étreintes, portés, déséquilibres et rattrapages, face à face, dos à dos, à terre, en l’air… Justine et Frédéri dessinent une effusion des corps à couper le souffle. 

mardi 7 juillet 2015

Live Magazine #3

Live Magazine était de retour pour sa troisième édition le 6 juillet au Théâtre de l'Atelier. Sur scène, des journalistes racontent des histoires, entre souvenirs de reportages et rencontres touchantes, sous la forme d'une “revue vivante”.   Lila Msissou commence par relater son infiltration parmi les djihadistes de Daech. D'abord via leurs profils Facebook, qui arborent des chatons, pour attirer les jeunes filles, puis à la frontière turque, où des passeurs doivent l'amener vers son futur mari. A l'hôtel, elle rencontre une gamine de 15 ans dans la même situation, très sûre d'elle, qui se fait belle.
Marcelo Wesfreid raconte les déjeuners avec les ministres, dont il a photographié les plats avec son iPhone. John Godfrey Morris (98 ans et 5 fois veuf), raconte son équipée avec Robert Capa en 1944. Anne Georget montre ces étonnants livres de recettes de cuisine écrits dans les camps, comme pour sauver la culture, la tradition familiale… Aurélie Charon et Caroline Gillet concluent par le récit du parcours d'une jeune bangladeshi qui a refusé patriarcat et religion pour s'exiler en France.

jeudi 2 juillet 2015

Mustang

Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues. La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

Le film de Deniz Gamze Ergüvencommence par des adieux déchirants des jeunes filles alors maîtresse. On ne comprend pas alors que les quatre sœurs vont être écartées de l'école, du savoir, de la société, pour être enfermées dans la maison familiale. Plus les jeunes filles sont bridés, plus elles sont espiègles insoumises. C'est une sorte de Virgin Suicide à la turque. La virginité et l'obsession de la grand-mère et de l'oncle des jeunes filles, lesquels les parquent avant d'en négocier le mariage, comme n'importe quelle vente. 

Elles ne profiteront que d'un moment de liberté volée, lors d'un match de foot uniquement réservé aux femmes (les mâles supporters étant bannis). Les grand-mères les aperçoivent à la télévision, elles font sauter les plombs de la maison puis du village, pour que les hommes ne s'en aperçoivent pas. Une scène à hurler de rire !
Le scénario est un peu prévisible, mais la fraîcheur du jeu des actrices nous emporte. 
La petite dernière, la plus insoumis, essaiera d'apprendre à conduire échapper vers Istanbul, la ville des libertés et du savoir, où elle retrouvera sa maîtresse.