mardi 27 septembre 2011

LES ENFANTS SE SONT ENDORMIS

Le metteur en scène argentin Daniel Veronese revisite les classiques du théâtre (Ibsen, Shakespeare…). Sa version de « La Mouette » de Tchekhov, plus courte et plus nerveuse, souligne la réflexion très contemporaine du dramaturge russe sur la condition humaine.
Constantin veut devenir écrivain pour exister aux yeux de Nina, dont il est amoureux. Nina est insensible au jeune homme et est également tourmentée par un idéal inacessible.

Veronese modernise Tchekhov, le condense, rassemble les personnages dans un seul espace pour mieux révéler leurs solitudes et la cruauté de chacun (pas seulement de Nina),
l’incapacité à aimer, à exister, à être heureux. Finalement, l'adaptation de l'œuvre nous ramène à son essence même.

jeudi 22 septembre 2011


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Des pas dans un escalier (pendant de longues minutes, à croire qu'ils sont perdus ou jouent)… puis des hommes et femmes vêtus de triples couches de vêtements déboulent dans un gymnase. Assis autour d'une table, ils lisent, parlent ou chantent. Une femme entend la voix de son mari dans un haut-parleur posé au sol. Le groupe se lance contre les murs matelassés, puis donnent des coups de pieds dans les téléphones mobiles qui jonchent le sol… Chant religieux, texte sur le réchauffement climatique, citations ("la pensée est une gabegie"). Une sonnerie "Alert Crew" vient réveiller le spectateur assoupi, s'il n'est pas encore parti se coucher… La pièce se finit comme elle a commencé, puisqu'elle ne comporte aucune narration, il n'y a donc ni queue ni tête.
Le Monde écrit : "Ce rien, c'est tout : l'écoulement du temps, sa tendresse et sa mélancolie, comme seule l'enfance peut en laisser le souvenir. L'enfance, oui, ou alors un grand voyage, loin de tout mais si près de nous, là-haut tout au nord, au Groenland, où Christoph Marthaler a créé + ou - zéro fin mars."
LA VIE EST AILLEURS


L'espace 1789 de Saint-Ouen présentait deux documentaires en avant-première. Le premier est intitulé "La Vie est Ailleurs" et se consacre à la mort.
"La mort, c'est le bonheur parfait !" jubile la grand-mère de la réalisatrice, Elsa Quinette, dont un frère provoque la vieille dame en lui demandant de s'imaginer morte.
La caméra DV passe ensuite à Bénares, en Inde, pour des plans qui tiennent de la photo, plus que de l'image animée, ou pour une déambulation inintéressante dans les rues. On assiste à des crémations et chants funèbres, sans explication ni mise en regard de nos rites occidentaux.
Puis ce sont des images de 1943, de la famille juive de la réalisatrice, réfugiée au Chambon-sur-Lignon. On ne voit plus trop le rapport… On s'ennuie ferme et on ressort sans révélation ou découverte.
ENTRÉE DU PERSONNEL

Second documentaire présenté ce mardi 20 septembre à l'espace 1789. Il est consacré à un abattoir vendéen où porcs, bœufs et poulets sont tués, dépecés, découpés et emballés. Les images de l'usine de nuit sont glaçantes, avec ces poids-lourds phares allumés qui attendent. Aucun humain à l'extérieur, et l'on n'imagine pas ce qui se trame à l'intérieur. Le personnel est psychologiquement et physiquement usé par ce travail répétitif, toujours poussé à plus de productivité.
La réalisatrice, Manuela Frésil, explique : « À l’origine de ce film, il y a l’expérience sidérante de la visite d’un abattoir industriel. Dans un premier temps, je n’ai vu que les bêtes. Ce qui était de la chair devient viande. On reconnaît les morceaux, les jambons, les épaules, les côtes, les os, les muscles. Avec, tout au bout, la mise en barquettes. Tout concourt à ne plus pouvoir rien penser de ce que l’on voit. Puis j'ai rencontré des ouvriers. J'avais en tête des questions de morale. Eux m'ont dit comment les gestes dépecer, couper, désosser, répétés et répétés, usent leur propre corps. Comment ils souffrent de là où ils coupent les bêtes. Le film accorde donc ces deux récits, celui de l'image, celui du son. Ils racontent ensemble une réalité insoupçonnée car invisible et parfois indicible. »

mercredi 21 septembre 2011


SOIRÉE TRANSGENRE

La Gaîté Lyrique s'intéressait durant cinq jours à Istanbul. Ville comme un collage de cultures, de religions, d’identités où résonnent et foisonnent des sons.
Esmeray est la vedette du samedi soir. Le personnage de l’artiste transsexuelle kurde fait l'objet d'un court-métrage "Moi/Lui", qui s’intéresse aux rapports entre apparence extérieure et images de soi. Esmeray est filmée déambulant dans Istanbul sous l'apparence d'un homme sur un écran (seul, terne) et d'une femme sur un autre écran (plus sociable, plus joyeuse).
Ensuite, Esmeray (la lune brune) nous propose son one-woman show sur sa vie : comment il s'est découvert transsexuelle, est passé par la prostitution puis la vente ambulante. Spectacle surtitré et bavard, donc un peu difficile à suivre…
Petit débat pour terminer, où il nous explique que le quartier de Beyoğlu (celui de toutes les minorités) est en voie de gentrification.
AFTER TURC

La Gaîté proposait un after turc après les soirées Techno Parade et autres, le dimanche matin. Le club Mini Müzikhol, un élégant salon pour noctambules, est invité, avec son créateur Minas Balcioglu, également DJ. Son set mêle habilement sonorités electro et orientale, sans clichés, un son très rafraichissant. Il est suivi de Baris K et Tutan, qui oscillent entre techno lente (Todd Terje, Paperclip People) et house. De puissantes vibes et un bon esprit.
NASSER, TOXIC AVENGER & ANORAAK

La Cigale lance un rendez-vous, regroupant trois groupes sur une même scène : les Envolées de la Cigale. Pour cette première édition, j'assiste à la fin du concert d'Anoraak, avec ses claviers vintage tonitruants. Nasser fait dans un rock péchu soutenu par des effets ou rythmiques électroniques : c'est très efficace, mais pas aussi original que les Chemical Brothers dans ce genre d'acoquinement. The Toxic Avenger est plutôt meilleur (et surtout plus varié) sur scène que sur disque, où les claviers façon Ed Banger étaient un peu usant. Il nous fait passer par de multiples ambiances.

LE CHANT DU DINDON

Le Cirque Rasposo présente son spectacle "le Chant du Dindon" à Paris. Dindon (présent sur scène), car "Sur la piste, l'Artiste joue une farce... Mais il est le " Dindon " de cette farce, car la farce c'est sa vie, et il joue sa vie." dixit le texte de présentation du spectacle. Entre théâtre et cirque, à grand renfort d'airs de Kusturica joués live, la troupe mêle clowneries, acrobaties et contorsionnisme. Le cirque est avant tout familial (les Molliens). Si le clown laisse de marbre, les performances de Marie sont impressionnantes de maîtrise et de précision, tout comme le combat de boxe contre lui-même et les laisser-tomber de Julien Scholl sur un mât chinois.
Le spectacle reste classique, il lui manque une véritable scénographie.
PREMIERE DE LA VERSION RESTAUREE DU FILM MUET
« LES NIBELUNGEN »

Arte présentait à la Cinémathèque Le diptyque "Les Nibelungen" de Fritz Lang, film de 4h datant de 1924, entièrement restauré et présenté avec accompagnement de deux pianos.
Le film est une grosse production, avec décors gigantesques et figurants nombreux. Il narre l'épopée de Siegfried, qui tue le dragon, se baigne dans son sang pour devenir invincible (sauf à l'endroit d'une feuille sur l'épaule). Siegfried conquiert la sœur du roi, en échange de son entremise pour séduire au combat l'intransigeante Kriemhild. Mais cette dernière comprendra après son mariage la supercherie, et demandera à son couard de mari la mort de Siegfried, le persuadant qu'il a abusé d'elle en prenant l'apparence du roi…



Photo © Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung

lundi 12 septembre 2011

WE LOVE GREEN

Première édition de ce festival organisé par We Love, Corida et Because, les 10 et 11 septembre, au Parc de Bagatelle, au milieu des arbres, villas et fontaines. Un cadre chic et écolo, comme le festival, qui joue la carte citoyenne et verte.
Vaisselle compostable (mais non compostée), toilettes sèches, bouffe parfois bio (ou pas chère : saumon-lentille à 6 euros), possibilité de recharger son mobile en pédalant, éclairage de la scène en Led…
Malheureusement, il faut faire une heure de queue pour se sustenter (un seul tipi), et presque autant pour accéder aux toilettes…

Côté musique, nous ratons Soko, arrivons au moment où chante Selah Sue (genre Ayo, Asa, etc.). Metronomy est de plus en plus efficace sur scène, Peter Doherty est convaincant avec ses balades rock, seul à la guitare.

dimanche 11 septembre 2011

TURZI ÉLECTRONIQUE EXPÉRIENCE

Romain Turzi déboule avec un nouvel album, Education, produit par Pilooski (toujours chez Record Makers). Il est présenté pour la première fois sur la scène de la Gaîté Lyrique, à Paris. Seul au milieu de ses machines vintage, Turzi fait monter les mélopées de ses instruments, avant d'y inclure de lourdes rythmiques. L'ombre de Jean-Michel Jarre plane.

En première partie, les français de Rocky, "qui de Larry Heard à Art Department, célèbrent les grandes heures de la house et du garage" dixit le site de la Gaîté. A part les intros de leurs morceaux, la house n'est pas vraiment leur genre. On pencherait plutôt pour des chansons 80's à la Talking Heads.