mardi 30 septembre 2008

"DE LA GUERRE"

Alors qu'il visite clandestinement un magasin de pompes funèbres, Bertrand (Mathieu Amalric) se retrouve enfermé dans un cercueil pour la nuit. Le matin, il n'est plus le même. Reconsidérant sa vie, il décide de suivre un homme (Guillaume Depardieu) dans un lieu isolé du monde, Le Royaume, à la tête duquel se trouve Uma (Asia Argento), une mystérieuse et charismatique Italienne.

mercredi 24 septembre 2008

NTM, LE RETOUR !

Ils nous avaient manqués Kool Shen et Joey Starr. Leur public a vieilli avec eux : moyenne d'âge, 30 ans. A l'entrée, les flics fouillent méthodiquement un jeune (en vain) devant la foule, un au hasard pour l'exemple. La foule qui fait la queue l'applaudira quand les flics le relâchent…
Dans la salle, des mecs sortent leur iPhone pour prendre des photos, tiens, il y a aussi la photo du petit dernier dessus !
Bercy n'est pas complet pour ce cinquième et dernier concert. Les sièges de face sont tous recouverts d'un tissu noir.
Le concert est mené tambour battant, les deux compères sont toujours des bêtes de scène. Ils sont parfois accompagnés de danseurs hip-hop ou de choristes, de nombreux invités les rejoignent, notamment Lord Kossity pour "Ma Benz" ou Eklipse pour un magistral beatboxing.
La structure métallique figure un ghettoblaster ou un métro duquel sortent des taggueurs pour "Paris sous les bombes". Les flammes embrasent la scène pour "Qu'est)ce qu'on attend pour mettre le feu", "La Fièvre" est malheureusement raccourcie. Mais leurs textes sont toujours d'actualité.
"Le monde de demain" :
Les fléaux s'installent - normal
Dans mon quartier la violence devient un acte trop banal
Alors va faire un tour dans les banlieues
Regarde ta jeunesse dans les yeux
Toi qui commande en haut lieu
Mon appel est sérieux
Non ne prend pas ça comme un jeu
Car les jeunes changent
Voilà ce qui dérange
Plus question de rester passif en attendant que ça s'arrange
Je ne suis pas un leader
Simplement le haut-parleur
D'une génération révoltée
Prête à tout ébranler

Joey prend à parti les VIP parqués à droite de la scène, qui ont peur de se faire piquer leur sac à main. Nous avons droit à une séquence batucada un peu simpliste, avec comme mots d'ordre de courir à droite ou à gauche, "sautez" indique l'écran géant.
Le concert se termine comme il a commencé, avec "Saint-Denis Style", mais sur fond de guitare électrique live reprenant Nirvana. Joey veut qu'on flatte son ego en lui confirmant que NTM est le plus meilleur groupe live français tous genres confondus.

lundi 22 septembre 2008


"ENTRE LES MURS"

Entre les murs d'un collège, beaucoup de choses sont en jeu : l'apprentissage bien sûr, mais aussi l'autorité, les différents registres de langage, l'insertion ou pas dans le système éducatif et donc dans la société. Les élèves sont d'un naturel époustouflant, avec un langage truculent et une grande réactivité.
Le début du film, la pré rentrée, rappelle l'entrée des acteurs sur une scène pour répéter, alors que les décors (les chaises et les tables) sont en train d'être installés.
Le professeur est sans doute un peu trop proche de ses élèves, et son obstination à soutenir Souleymane, un élève violent (qui n'existait pas dans le livre), les isole peu à peu autant l'un que l'autre, dans une spirale qui les emmène plus loin qu'ils ne l'imaginaient. Le pouvoir de la langue ("l'attitude de pétasses") est bel et bien ce que se disputent élèves et prof, chacun dans son registre.
PARLEZ-MOI DE LA PLUIE

Le dernier film de et avec Agnès Jaoui, nous montre Agathe Villanova, un écrivain un peu féministe, entrée en politique grâce aux quotas. Elle revient dans la maison de son enfance, dans le sud de la France, aider sa soeur Florence à ranger les affaires de leur mère, décédée il y a un an. Agathe se présente aux prochaines élections locales sans trop y croire. Dans cette maison vivent Florence, son mari, et ses enfants. Mais aussi Mimouna, femme de ménage que les Villanova ont ramenée avec eux d'Algérie, au moment de l'indépendance.
Le fils de Mimouna, Karim (Jamel Debbouze), et son ami Michel Ronsard entreprennent de tourner un documentaire sur Agathe Villanova, dans le cadre d'une collection sur "les femmes qui ont réussi". Michel (Jean-Pierre Bacri) est l'amant de Florence.
Moins acerbe que "Le Goût des Autres", mais plus drôle et tout aussi juste, le film est surtout réussi grâce à ses numéros d'acteurs, qui jouent des paumés à la recherche d'un bonheur qui leur échappe, chacun se cachant derrière un rôle.
CHRISTOPHE COLOMB, L'ÉNIGME

Le dernier film de Manoel de Oliveira (99 ans) part du postulat patrio-poétique et comique suivant : Christophe Colomb n'était pas génois, mais portugais. Manuel Luciano émigre en 1946 aux Etats-Unis. Devenu médecin, il consacre son temps libre à vouloir démontrer la naissance au Portugal de Christophe Colomb et emmène sa femme, en 1960, dans la supposée ville natale du navigateur, Cuba, laquelle aurait servi à nommer l'île des Caraïbes. Un film sur le temps qui passe et qui efface les traces de l'histoire. Mais le film prend son temps, sans rien vraiment (dé)montrer. "On se sent tel un navigateur qui découvrirait, ému, une terre inconnue, le cinéma" dixit les Inrockuptibles. Des plans sublimes ? Pas vraiment, je ne comprends pas trop où veut en venir le cinéaste…

dimanche 14 septembre 2008




LEIBOVITZ À LA MEP

Cette exposition rassemblait jusqu'au 14 septembre, à travers plus de deux cents tirages, le travail éditorial de la célèbre photographe américaine pour les magazines Rolling Stone, Vanity Fair (portrait groupé), Vogue, mais aussi ses photographies plus intimes, de sa famille et de ses proches, de loin les plus touchantes. Les photos de people arrogants ne sont guère inté-ressantes si ce n'est dans certaines mises en scènes. Les photos de son amie Susan Sontag démontrent tout l'amour d'Annie Leibovitz pour elle.

jeudi 11 septembre 2008

BIRDY NAM NAM LIVE

Un peu surpris par le set des Birdy : très très techno, tendance dure. Les techniques du turntablism sont discrètes, mais le résultat sonore est très convaincant : original, puissant et varié. Des samples d'accordéon ("Abbesses"), des rythmes entre breaks et rockabilly, des vrombissements entre techno et hard rock… Un syncrétisme dévastateur et rassembleur.
YUKSEK LIVE

En première partie, le jeune prodige Yuksek, signé sur le même label que Birdy Nam Nam (UWe). Son live commence comme du Jean-Michel Jarre façon Oxygène (des nappes un peu old school) puis se poursuit dans un son entre Digitalism et Sebastian, techno puissance rock. Energique, mais pas assez cependant pour le public.
TIEFSCHWARZ (Souvenir / DE)
RUEDE HAGELSTEIN (Souvenir / DE)
PIER BUCCI (Souvenir / DE)

Souvenir Label Night le 29 août au Social Club à Paris. De la minimale parfois très funky, des sets un peu inégaux, mais que c'est bon de l'excellente techno minimale, de quoi vous hypnotiser… quelques minutes.

lundi 1 septembre 2008

L'HISTOIRE DE L'AMOUR
de Nicole Krauss
NRF/Gallimard, 2006

À New York, un vieil homme, Leopold Gursky, vit dans l’attente de la mort et la peur de l’oubli. Dans les magasins, il fait tomber des objets pour être sûr qu’on ne l’oubliera pas complètement. Bruno, un ami d’enfance retrouvé par hasard à New York, est venu s’installer dans l’appartement dessus, afin que chacun veille sur l’autre. Pour se voir, ils trouvent de faux prétextes.
Amoureux d’une certaine Alma, alors que la Pologne était envahie par les nazis, il ne le reverra que bien plus tard, mariée et mère de deux enfants, dont le premier est son fils, Isaac Moritz, un écrivain devenu célèbre.
Charlotte Singer, une jeune femme, traductrice, élève ses deux enfants, Bird (persuadé d’être un lamed vovnik, une sorte de messie), et Alma, appelée ainsi en souvenir d’un livre, que son défunt père aimait beaucoup : « L’Histoire de l’Amour ». Son auteur, Zvi Litvinoff, avait fui la Pologne pour le Chili en 1941, emmenant avec lui le manuscrit en yiddish que Leo lui avait confié. Il le publiera sous son nom en espagnol, sans que Leo ne le sache. Et sans que l’épitaphe « La mort de Leopold Gursky » ne soit acceptée en dernière page du roman.
Un jour, un certain Jacob Marcus, demande à Charlotte Singer si elle voudrait bien traduire pour lui, et contre 100 000 dollars, l’unique œuvre de Litvinoff, de l’espagnol à l’anglais.
« L’Histoire de l’Amour » est un récit mythologique, qui raconte les différents âges de l’homme, celui du silence (on communiquait avec les mains) ou du cristal (les hommes croyaient qu’une partie d’eux-mêmes était très fragile).
Alma, qui souffre de l’absence de son père, se passionne pour les manuels de survie. À la recherche de ce Jacob Marcus (pour le marier avec sa mère), elle découvre qu’il s’agit du personnage principal d’un ouvrage d’Isaac Moritz, puis qu’il s’agit de l’auteur lui-même. Celui-ci avait découvert dans des courriers de Leo à sa mère Alma des extraits de « L’Histoire de l’Amour ».
Leo apprend dans le journal la mort de son fils Isaac Moritz. Il assiste à ses funérailles et fait la connaissance du demi-frère de son fils. Un manuscrit qu’il avait envoyé à son fils pour lui révéler son existence va être publié par ses éditeurs, croyant tenir là un roman posthume, le meilleur de son supposé auteur.
Alma laisse un message sur la porte d’Issac, Bernard, son frère la rappelle mais tombe sur Bird, à qui il révèle qu’Isaac avait compris qui était son vrai père. Bird envoie la même lettre à Leo et Alma pour qu’ils se retrouvent dans un parc. Grâce à sa fertile imagination, Leo avait ressuscité son ami d’enfance Bruno, mort lors du massacre auquel il avait échappé. Leo croit d’abord se trouver face à une réincarnation de son amour de jeunesse, puis il révèle à Alma qu’il est le véritable auteur de « L’Histoire de l’Amour ». Le livre s’achève par l’épitaphe « La mort de Leopold Gursky ».

Nicole Krauss est la compagne de Jonathan Safran Foer. Les méandres du récit sont tissés avec une rare intelligence, en faisant appel à celle du lecteur, qui s’étonne de découvrir des correspondances entre tous ces personnages. On se plaît à recoller tous les morceaux de ce puzzle. Le thème de la perte, du deuil et du vide de l’existence hantent tout le livre. Le style est varié, notamment dans la présentation des textes (courts chapitres, listes, dialogue avec un personnage par page…). Seul bémol à mon avis : les extraits de « L’Histoire de l’Amour » sont un peu simplets, pas si poétiques ou mystérieux que cela (exemple, l’âge du silence : «Il arrivait que quelqu'un lève un doigt pour se gratter le nez, le geste pouvait alors être mal compris car il ressemblait énormément à celui signifiant "Je comprends à présent que j'ai eu tort de t'aimer." Ces erreurs de compréhension étaient déchirantes.») On est loin de la mythologie d’un Gabriel Garcia Marquez.