samedi 30 décembre 2006


CAUBÈRE, DERNIÈRE

Sixième et dernier spectacle des six épisodes de "L'Homme qui Danse" de et avec Philippe Caubère au Théâtre du Rond-Point à Paris. Salle archi-comble, avec Ségolène Royal et François Hollande en vedettes et Jean-Michel Riibes, le directeur, qui serre des mains.
Ferdinand répète depuis un an et demi avec Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie un homme qui affronte le mistral, avec son pardessus et son chapeau qui se colle en plein visage. Josette tente en vain d'improviser un maçon sénégalais, puis un avion de ligne (!), avec ses feux clignotants sur les ailes. La mère de Ferdinand, Claudine, assiste toujours à ce spectacle sur elle, dans lequel son "bicou" n'est pas là puisqu'il la joue: c'est la mise en abyme… Ferdinand est choisi par Sainte Ariane pour interpréter Molière. Il raconte à Claudine, morte de rire, le long tournage perruqué et costumé à 4 h du matin dans les jardins du Château de Versailles. Sa mère est malade, mais ne perd pas sa verve avec Madame Colomer ou son médecin si laid. Ferdinand l'appelle: "Maman, t'es là ?", un bruit de couperet qui tombe, sa mère est morte. L'épopée théâtrale est finie, mais elle peut rendre immortel.
Standing ovation pendant 15 minutes.

samedi 23 décembre 2006

"LE CABINET DES FIGURES DE CIRE"

Film de Paul Leni.

EXPO LE TITIEN

Sous-titrée "Le Pouvoir en Face", cette exposition du Titien présente des portraits d'hommes du pouvoir (politique et religieux) peints par le très actif atelier du peintre, qui s'est ensuite ouvert à la bourgeoisie. En photo: un portrait de François 1er, peint à partir d'une médaille, puisque le Titien ne l'a jamais rencontré. Quelques beaux portraits allégoriques de femmes également. Scénographie réussie mais une petite exposition, qui plus est comprenant une vingtaine d'œuvres qui ne sont pas du Titien mais de peintres de son époque.
Jusqu'au 8 janvier 2006, au Musée du Sénat à Paris.
TALENTS ELECTRO

Présélection des Talents Electro du prochain Printemps de Bourges à la Boule Noire le 21 décembre.
Si Dop et Klément se ressemblent un peu par la formule machines + chanteur, c'est SUNKA qui détonne, un live breakbeat qui mèle breaks, techno, ragga… et samples de "Roxanne". A voir j'espère à Bourges !
No Kiss With Gloss, pas vu, mais semble-t-il dans la même formule que les deux premiers groupes cités.

www.myspace.com/sunka
PIRANDELLO

KENY ARKANA EN CONCERT

La rappeuse altermondialiste était en concert à Paris au Nouveau Casino, le 20 décembre. Grosse ambiance, présence et flow fédérateurs. Les prod ne sont pas extraordinaire mais les textes différents de ce que l'on entend d'ordinaire dans le rap. Bon, c'est souvent un peu naïf, du style : "Justice et Liberté pour les peuples du monde entier", tout le monde le poing en l'air…

lundi 18 décembre 2006


"Vêtir ceux qui sont nus" de Luigi Pirandello (1867-1834) était donné au Théâtre National de Nice, dans la mise en scène qu'en donne Stéphane Braunschweig. C'est l'histoire d'une jeune femme, Ersilia, la nurse de la petite fille du consul d'Italie. Elle a été renvoyée après que la mort de l'enfant, alors qu'elle n'y était pour rien, la femme du consul lui ayant demandé d'aller faire une course quand l'accident a eu lieu. C'est ce qu'elle raconte à un journaliste peu scrupuleux, qui recueille son témoignage et fait « un coup » : l'opinion se passionne pour Ersilia, qu'un écrivain connu décide de recueillir, après sa tentative.
Ersilia se trouve sollicitée, tiraillée, par un homme amoureux d'elle, par la logeuse, par son ex-fiancé, rongé de remords parce qu'il devait se marier avec une autre femme et veut maintenant épouser Ersilia pour se racheter, par le journaliste qui veut écrire le roman d'Ersilia, et par le consul qui exige que soit publié un démenti à la version racontée dans la presse par Ersilla.
Mais la vérité apparaît petit à petit toute autre: la petite fille est tombée d'une terrasse pendant qu'Ersilia et le consul faisaient l'amour…

Ersilia a voulu exister. En mentant, elle a voulu se montrer plus digne, embellir sa vie et sa mort. Elle se retrouve alors nue, piégée, acculée face à son imposture et se donne la mort pour de bon. L'Italie des années 1920 résonne alors avec des faits divers français récents.

" Dans Vêtir ceux qui sont nus, Pirandello apporte certainement un éclairage prémonitoire sur ces processus de victimisation tels que nous les connaissons aujourd’hui dans notre fameuse société du spectacle parvenue au stade de la « télé-réalité »." écrit le metteur en scène, Stéphane Braunschweig.

lundi 11 décembre 2006



EXPOS PHOTOS

La Fondation Henri Cartier-Bresson expose jusqu'au 23 décembre le scrapbook d'HCB. Un recueil de près de 300 photos que le photographe avait constitué pour le MoMA. Le musée new-yorkais, pensant qu'Henri Cartier-Bresson avait disparu en 1943 pendant la guerre, préparait une rétrospective posthume. Mais le photographe, prisonnier des Allemands, s'échappa, retrouva son Leica qu'il avait enterré dans la forêt des Vosges et gagna les États-Unis pour élaborer cette rétrospective.
Les clichés sont nombreux, très variés (Mexique, Espagne, Italie, France, la Gare saint-Lazare ci-dessus…), mais présentés dans leur format d'origine, c'est-à-dire 10x13 cm !


Autre expo à la BNF Richelieu, "Les photographes humanistes", ce courant d'après-guerre est sous-tendu par une volonté de « donner à voir (…) l’infiniment humain » selon Soupault. Héritiers de HCB, ils ont pour nom Ronis, Capa, Doisneau, mais aussi une foule d'artistes moins connus que cette exposition révèle.

Extrait du catalogue : "La plupart des photographes humanistes partagent la profession de reporters-illustrateurs ou de « photographes polygraphes », comme se plaît à les nommer Willy Ronis. Une presse abondante, née dans l’enthousiasme de la Libération, leur fournit des commandes dans des domaines très divers. Indépendants (Marcel Bovis, Jean Lattes ou Lucien Lorelle), organisés au sein d’agence (l’ADEP, Rapho ou Magnum), ou encore salariés de magazines (Izis pour Paris-Match, Edouard Boubat pour Réalités ou Jean-Louis Swiners pour Terre d’Images), ils nourrissent le paysage visuel des Français et comblent leur soif d’images. Nombre d’entre eux illustrent également des affiches touristiques, des documents pédagogiques, des calendriers ou des agendas, en réponse à des commandes du Commissariat au tourisme, de la Documentation française, de multiples organismes en charge de la reconstruction du pays, d’associations ou d’entreprises privées et publiques."


Photos tirées de l'exposition de la BNF Richelieu/

Ci-dessus, Edith Gérin, Avenue des Gobelins (1948).

Ci-dessous, photographie d'André Garban. Cluis (Indre). Mariage (1951).

samedi 9 décembre 2006


"BABEL"

Un car roule dans le désert marocain, une touriste américaine est atteinte par un coup de feu. Tiré par un gamin, il va déclencher toute une série d'événements qui impliqueront un couple de touristes américains au bord du naufrage, une famille de bergers marocains, une nourrice mexicaine qui a illégalement fait passer les deux enfants du couple américain au Mexique, et une adolescente japonaise sourde dont le père est recherché par la police à Tokyo… pour avoir offert l'arme du crime à un berger marocain.
Alejandro González Inárritu a trouvé son truc: les coïncidences et les répercussions qui touchent des personnes qui ne se rencontrent pas, sur les trois continents. Le Prix de la mise en scène à Cannes est justifié, c'est très bien filmé, très bien monté, mais la vision des trois pays est très cliché: au Mexique des putes, des mariachis et des mouches sur la viande, au Japon des lycéennes en mini-jupes, des jeux vidéo et la foule sur les passages cloutés, au Maroc, des bergers burinés, des maisons de torchis et des Américains nantis et égoîstes.
L'accident au Maroc, tout de suite interprété par les autorités américaines comme un acte terroriste, est la seule pique politiquement incorrect.
Inárritu aime filmer la douleur de ses personnages, choquer le spectateur (l'Américaine recousue à vif), mais plus encore humilier ses personnages (la nourrice par la police, la Japonaise tentant de sauter sur tous les hommes ou l'Américaine se pissant dessus après l'opération…). On s'en prend plein la figure, on passe d'un (in)continent à l'autre ou d'un événement à sa perception un peu plus tôt. C'est brillant mais un peu vide de sens quand même.

vendredi 8 décembre 2006


"CASSIUS" EN CONCERT PRIVÉ AU TRABENDO

Ce n'était annoncé nulle part, et c'est par leur page MySpace que j'ai découvert l'existence de ce concert privé à Paris. Rendez-vous au Trabendo où les portes ne s'ouvrent qu'à 21 heures. Le concert débute à pas d'heure. 11 titres et une heure de concert.
Essentiellement issus de leur dernier album, "15 Again" : "La Notte", leur tube "Toop Toop", "La Mouche" méconnaissable ou l'acid et hypnothique "Jackrock", seule vraie révélation. Ils sont 7 sur scène à faire un show très rock et funk, mais le chanteur (Zdar) n'est pas très bon et la musique n'a rien d'extraordinaire…

mercredi 6 décembre 2006


CAUBÈRE, 4ÈME ÉPISODE

Ferdinand arrive en Avignon sur fond de revendications et de révolutions post 68. Le théâtre n'y échappe pas: une troupe est en train de créer une pièce devant les spectateurs, qui eux aussi sont mis à contribution, ce qui ne fonctionne pas ! La troupe est elle aussi plutôt apathique, notamment un drogué, qui cependant donne le meilleur de lui-même en se transformant tel un Superman. Masque à gaz sur le visage et grosse caisse en bretelles, le premier personnage répête dix fois sans que l'on ne comprenne rien. Béjart et Vilar sont les deux têtes de turc de la troupe.

CAUBÈRE, 3ÈME ÉPISODE

Ferdinand a passé son bac en mai 68, il intègre le cours Molière à Aix, pour apprendre le théâtre. Premier cours avec Marlène, qui a fait un stage avec un disciple du grand metteur en scène russe Grotesky. Elle s'oppose à Micheline, une autre professeur, plus classique. Et c'est parti pour les exercices d'expression corporelle: on cherche le Son en soi, on se masse mutuellement, on se détend en imaginant être une vague… Tout cela est propice aux débordements et aux éxagérations. Caubère tourne tout cela en ridicule. Ferdinand tremble comme une feuille à l'idée de dire son texte, "le Pont Mirabeau".
Claudine, la mère, est là depuis le début et commente ce qu'elle voit à destination de Madame Colomer et du public, dans une mise en abîme ("Heureusement que je ne suis plus là pour voir ça ! Je me comprends."). Une mère haute en couleurs, drôle et émouvante, aimante, décalée, parfois maladroite… une mère qui revit chaque fois grâce à son fils, Ferdinand, et dont le souvenir se perpétuera avec une étonnante familiarité dans l'esprit de chacun des spectateurs. Sa pièce est une vraie déclaration d'amour à sa mère.

lundi 4 décembre 2006


"CŒURS" D'ALAIN RESNAIS

Film très remarqué lors de la dernière Mostra de Venise, le dernier Resnais déçoit finalement. Long film triste sur la solitude, caractéristique de notre condition humaine, il ne mène nulle part. Les personnages, intéressants, ne livrent pas tous leurs secrets ou leurs conflits intérieurs. Les (neige) fondus entre les scènes sont trop systématiques et l'ambiance décor de théâtre enlève tout semblant de réalité. On a cependant plaisir à retrouver les acteurs fétiches de Resnais: Arditi, Azéma, Dussolier ou Lambert Wilson, en ex-militaire poivrot qui va devenir un chic type (mon œil !).

UN PEU DE CLASSIQUE…

Le jeune pianiste Bertrand Chamayou (25 ans, photo) donnait un court récital à la Fnac des Ternes vendredi 1er décembre. Au programme: Bartok et Liszt, notamment une des études d'exécution transcendante de Franz Liszt, jouée avec technique et sensibilité. Son premier disque est paru chez Sony Classical. La soirée se poursuit avec un peu de jazz et quelques verres de champagne…