vendredi 22 février 2008

"LA FABRIQUE DES SENTIMENTS"

Eloïse (Elsa Zylberstein), 36 ans, clerc de notaire, célibataire, participe à un speed-dating afin de trouver l'âme soeur. Indépendante, elle cherche néanmoins un compagnon et regarde avec jalousie les amoureux qui s'embrassent ou les femmes avec leur enfant.
Les dialogues du speed-dating ne sont absolument pas réalistes : en 7 minutes, chaque personnage confesse ses problèmes de couples et ses échecs en la matière.

Le réalisateur, Jean-Marc Moutout, avait dépeint le cynisme du monde de l'entreprise dans "Violence des échanges en milieu tempéré", son premier film. ici, c'est plutôt le cynisme amoureux et la difficulté de s'engager.
Comme cette scène où Eloïse et le bel avocat Jean-Luc, se demandent si l'autre a des rendez-vous avec d'autres participants du speed-dating ou est encore en couple. Les faux-semblants demeureront à jamais et les hommes et les femmes semblent ne pas pouvoir se comprendre.
Pour signifier sa souffrance psychologique, le réalisateur fait souffrir son héroïne de vertiges un peu trop fréquents et la fait rêver de boîtes échangistes où un Casimir vert lui montre son futur bonheur : deux enfants. Mais la vision fugace du parfait Jean-Luc à la maternité avec sa femme et son enfant, n'était-elle pas aussi un rêve ?
Finalement, Eloïse choisira le plus désabusé des prétendants, avec qui elle aura une vie rangée, tout en le trompant sur Internet... Le cynisme de l'un aura déteint sur l'autre.

dimanche 17 février 2008

"ZAZIE DANS LE MÉTRO"

Le film de Louis Malle (1959) repassait à la Cinémathèque, pour l'occasion prise d'assaut par les gamins et leurs parents.
La jeune Catherine Demongeot, 10 ans à l'époque, était dans la salle ! Le film a un charme désuet et Louis malle semble bien s'amuser en accélérant les courses-poursuites rêvées par Zazie ou en faisant passer les adultes pour des enfants. Mais certaines scènes semblent longues comme cette dernière ou une bagarre générale… Reste le personnage de Zazie, qui tempête "Napoléon, mon cul !".
aTRAXion SUPERMAYER

Le magazine Trax et We Love Art conviaient Michael Mayer et Superpitcher, deux DJs allemands du label Kompakt, alias Supermayer (écouter leur très bon album). Cela se passait à l'Espace Cardin, devant l'Elysée. Après 25 minutes de queue dans le froid, on entre dans ce bel espace, un peu bas de plafond au rez-de-chaussée por le dancefloor, plus original en haut pour le salon avec écrans géants. Un jeune bobo en polo se contente d'enchaîner des disques, avant de laisser la place aux deux DJs, qui entament leur mix par leur "The Lonesome King". Une techno mélancolique, minimale et musicale, funky et mélodieuse.

samedi 16 février 2008

M/M VISION TENACE (PARIS)

Une exposition de M/M (Paris), studio fondé en 1992 par Michael Amzalag et Mathias Augustyniak, deux designers français.
"LES MARCHANDS"

La pièce de Joël Pommerat fait partie d'une trilogie avec "Au Monde" et "D'une seule main", donnée au Théâtre "2" Gennevilliers. Drôle de pièce, dans laquelle les comédiens n'ont pas de texte (ou presque) puisque tout est raconté en voix off par une femme, présente sur scène. Le début est saisissant par cette distance : la narratrice parle d'elle à la troisième personne, alors qu'elle est sur scène avec son amie, au chômage. Une amie qui croit à la vraie vie après la mort, les vivants ne seraient que des morts-vivants qui rêvent leur destinée. La narratrice travaille dans une gigantesque usine, Norcilor, à la chaîne (très stylisée). Son amie est à court d'argent, présente son soi-disant grand fils caché, convoque ses parents morts, qui apparaissent chez elle ou sur le comptoir d'un bar.
Après l'explosion de l'usine, elle pense qu'en jetant son gamin de 9 ans du 21ème étage, elle réussira à empêcher la fermeture de l'usine. Rescapé une première fois, le gamin y passera finalement…
Tout un monde étrange, où le surnaturel émerge d'une atmosphère digne des films de Roy Andersson (Chansons du deuxième étage). Le propos est en revanche plus difficile à saisir : l'identité ? le travail ? l'aliénation ?

mercredi 13 février 2008

"LA NUIT DES ROIS"

Un peu à l'image de "la Comédie des Erreurs", une histoire de quiproquo entre un frère et une sœur qui croient l'autre noyé. Une comédie mélancolique. Au Théâtre du Nord-Ouest.

mardi 12 février 2008

«PLATEFORME» ADAPTÉ AU THEATRE

Michel Houellebecq a été très souvent adapté au théâtre, mais à l'étranger. Cette fois, c'est le Flamand Johan Simons, coutumier du fait (c'est sa troisième adaptation) qui propose "Plateforme", présenté en néerlandais surtitré à la MC93 de Bobigny.
La ressemblance entre notre héros ordinaire, Michel (photo), et celui du film deOskar Roehler est frappante ("Les Particules Élémentaires" très moyennement adapté).
Le spectacle commence avec tout un fatras de vêtements, parasols, chaises de plastiques, qui tombent du plafond, pour figurer l'explosion qui termine le roman. Un islamiste terroriste rôde durant tout le spectacle, un personnage créé pour la pièce, interprété par un jeune blanc, sorte d'ange exterminateur en slip.
À propos de ses rapports avec le théâtre, Michel Houellebecq déclarait au Nouvel Obs : "je crois que ma perplexité vient de ce que j'utilise beaucoup, dans mes romans, le discours indirect...". Effectivement, les personnages rapportent leurs propos, voire les rejouent, comme s'ils étaient déjà morts. Et cela est plus suggestif lorsqu'il s'agit de raconter des rapports sexuels plutôt que de les simuler sur scène. Mais du coup, la pièce manque un peu de rebondissements.

samedi 9 février 2008

COUSCOUS AUX LARDONS

Un spectacle humoristique à la Comédie République, qui semble très bien marcher. Le public très nombreux, s'esclaffe et applaudit. Les deux comédiens sont plutôt bons dans leur rôle respectif au sein de ce couple mixte très caricatural.
Rachid aime Marie-sophie, Marie-Sophie aime Rachid ! un mariage, deux cultures, deux belles mères... La vie à deux c'est déjà compliquée mais lorsqu'il s'agit d'un couple mixte, ça devient la folie.

vendredi 8 février 2008

"SWEENEY TODD"

De retour à Londres après avoir croupi pendant quinze ans dans une prison australienne, Benjamin Barker n'a qu'une idée en tête : se venger de l'infâme Juge Turpin qui le condamna pour lui prendre sa femme, Lucy, et sa fille, Johanna. Adoptant le nom de Sweeney Todd, il reprend possession de son échoppe de barbier, située au-dessus de la boulangerie de Mme Lovett. Lorsque son disciple, Pirelli, menace de le démasquer, Sweeney est contraint de l'égorger. Mme Lovett vole à son secours : pour le débarrasser de l'encombrant cadavre, elle lui propose d'en faire des tourtes, ce qui relancera son commerce.
Le dernier Tim Burton est une comédie musicale sanglante : le nombre de gorges tranchées est effrayant. Mais le sang comme les meurtres ne sont pas hyper réalistes, avec du sang très rouge, des décors en glass paintings et virtuels, un maquillage blafard… on retrouve tout ce qui fait le charme de l'univers si particulier de Tim Burton, la poésie en moins quand même. La musique est très aboutie, symphonique et nuancée.

dimanche 3 février 2008

"NO COUNTRY FOR OLD MEN"

Dans le désert du Texas, Llewelyn Moss trouve des camionnettes abandonnées, cernées de cadavres ensanglantés. Il prend les deux millions de dollars qu'il découvre, et va dès lors être poursuivi par Anton Chigurh, un psychopathe qui se rêve ange de la mort (Javier Bardem, inquiétant). Ce film très sanglant des frères Coen est totalement maîtrisé : acteurs, rythme, montage, lumières… Mais il manque ce qui fait le charme des films des deux frères : de l'ironie et du second degré.
"LES TROIS SŒURS" À LA MC 93

Après Stéphane Braunschweig à la Colline en 2007, c'était au tour de Patrick Pineau de mettre en scène à la MC93 la pièce de Tchekhov. L'ennui et l'inconscience du début (la jeune Irina), laissent au deuxième acte la place aux malheurs qui frappent les trois sœurs. Les décors sont classieux et dépouillés, les actrices excellentes, qui interprètent des femmes décidées, qui mènent le bal, face à des hommes dépassés par les événements. Et cette rengaine d'Irina, la plus jeune, sur le travail : "L'homme doit travailler, travailler à la sueur de son front, chaque homme sans exception, c'est là le sens et le but de son existence, son bonheur, sa joie."

vendredi 1 février 2008

JESUS CAMP

Réalisé par Heidi Ewing et Rachel Grady, ce documentaire américain fait froid dans le dos. Le film nous fait rencontrer une femme pasteur de l'église évangéliste qui organise un camp de jeunes chaque été dans l'Amérique profonde. Les gamins âgés de 6 à 12 ans environ sont enrôlés, conditionnés, manipulés… On les voit en transe ou en pleurs, priant Jésus. Ou utilisés pour manifester contre l'avortement, un adhésif rouge "life" sur la bouche. Une autre fait du prosélytisme en pleine rue pour délivrer la bonne parole. Ils sont si inquiétants à leur âge, que l'on n'ose imaginer quels adultes ils seront. Le poids politique de l'église évangéliste semble devoir s'accroître dans le futur.