mercredi 29 février 2012

LA DÉSINTÉGRATION

Ali, Nasser et Hamza, la vingtaine, vivent dans une cité lilloise. Ils font la connaissance de Djamel, dix ans plus âgé qu'eux.
Aux yeux d'Ali (Rashid Debbouze) et de ses amis, Djamel apparaît comme un aîné à l'acuité et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons, connaissant mieux que quiconque leurs déceptions, leurs failles et leurs révoltes face à une société dans laquelle ils sont nés, mais dont aucun des trois ne pense plus désormais faire partie. Ils deviendront des kamikazes, prêts à se faire sauter devant le siège de l'Otan.
Philippe Faucon témoigne avec justesse d'une réalité dure, celle de jeunes exclus (Ali a envoyé 108 CV pour trouver en vain un stage). Son film dénonce la faillite du modèle républicain. Ce film moral et elliptique laisse malheureusement peu de place à l'émotion, malgré d'excellents acteurs.

"RAINING IN THE MOUNTAIN"

Vu à la Cinémathèque, dans le cadre de la rétrospective King Hu : "Il révolutionna le cinéma d'action hongkongais dans les années 60 avec un film comme L'Hirondelle d'or. iI s'installe par la suite à Taïwan où il signe une série de chefs-d'oeuvre (Raining in the Mountain, A Touch of Zen) dont la virtuosité technique, le sens de la chorégraphie, la beauté plastique le font remarquer par la critique internationale. Perfectionniste et solitaire, King Hu, mort en 1997, a réalisé peu de films mais tous ont marqué à jamais le cinéma d'action asiatique."

Le temple de San Pao est l'un des monastères les plus renommés. Trois étrangers y sont invités par le Bonze supérieur, qui cherche son successeur, et se livrent secrètement à une compétition afin de dérober un précieux manuscrit.
Les images de la nature et du monastère sont somptueuses. Ce dernier, situé en Corée, est un vrai dédale de bâtiments aux architectures toutes différentes. Le film traîne un peu (deux heures), les scène d'action sont peu nombreuses, mais de plus en plus virtuoses, avec des combats de femmes qui tombent des arbres, avec de superbes tissus colorés. L'intrigue est ténue : un homme et sa fausse épouse, voleuse de notoriété publique, arrivent au chevet du Bonze supérieur afin de le conseiller. La femme et son valet simplet tentent par tous les moyens de mettre la main sur un précieux rouleau.
La communauté des bonzes apparaît comme individualiste (devenir le chef) et matérialiste (se faire livrer du canard rôti en contrebande).
Un film à la fois beau, exotique et décalé.

lundi 13 février 2012

GRAND MAGASIN : BILAN DE COMPÉTENCES

Bilan de compétences se présente comme une audition. Douze personnes d’horizons divers chantent l’une après l’autre l’histoire de leur voix. Les airs se succèdent dans des styles variés, brossant une galerie d’auto-portraits vocaux.Chacun, à son tour candidat et juré, raconte ses difficultés ou facilités à chanter, de façon naturelle, travaillée, sauvage ou policée. Au Collège des Bernardins, Paris Vème.

François Chaignaud chante ainsi avec deux voix, sa deuxième voix secrète :
"De 16 à 21 ans, j'ai gardé ma petite voix, mais j'avais tout le temps l'air enroué. Je parlais difficilement, ne pouvais pas crier du tout et moi suel savais que j'avais la voix grave." Il y a aussi une soprano colorature avec ses contre-mi et ses contre-fa ou quelqu'un qui ne comprend rien au chant.

Trouver sa voix, suivre sa voix…
"Puis-je revendiquer une spécialité ?
Se quelle compétence pourrais-je bien me vanter ?"
AIR, DANS LA LUNE

Le duo Versaillais publie son septième album, la BO du Voyage dans la Lune de Méliès. Extraits non publiés de l'entretien qu'ils m'ont accordé.


Avec des titres comme « Lava » ou « Cosmic Trip », on n’est pas très loin de « Dark Side of the Moon »…

Jean-Benoît Dunckel :
Ce film est psychédélique à fond ! La colorisation, l’espace, les champignons géants…
Musicalement, le psychédélisme ce sont des hallucinations sonores, des effets, des répétitions, des delays, des filtres, des superpositions d’univers différents.


Quelles étaient les contraintes de cette bande originale ?

Jean-Benoît Dunckel :
Il fallait des titres contrastés. Le premier plan est une scène de théâtre, qui dure assez longtemps dans le film, ce n’était donc pas facile de trouver une ambiance qui puisse coller. La deuxième contrainte, c’était la scène mythique avec la fusée qui tape l’œil de la Lune. C’est ultra connu, il fallait donc composer quelque chose d’assez frais, absolument pas grandiloquent, sinon cela aurait été pire. Et puis notre projet est hybride : musique de film, album et le film est en quelque sorte aussi la vidéo de notre album. Ce format de 14 minutes est génial, les gens peuvent télécharger le film sur Internet et le voir en mangeant un sandwich entre midi et deux, comme un grand clip.

Comment composer la musique d’un film datant de plus d’un siècle avec des moyens actuels ?

Jean-Benoît Dunckel :
Nous avons sauté dans l’anachronisme en utilisant tous les instruments de notre studio, aussi bien réels que virtuels, en les superposant pour donner quelque chose de puissant et expérimental.

mercredi 1 février 2012

TOMBOY

Céline Sciamma revient aux adolescents, après "Naissance des Pieuvres".
Laure, 10 ans, est un garçon manqué, cheveux court, marcel et bermuda en jean. Arrivée dans un nouveau quartier, elle fait croire à Lisa et à sa bande qu’elle est un garçon. Pâte à modeler dans le maillot de bain une pièce découpé, bagarre, foot et crachats… Lisa en tombe amoureuse.
Le père est comme souvent un peu absent de cette question qui devrait concerner toute la famille. La mère réagit d'abord un peu violemment en demandant à sa fille de mettre sa robe et d'aller voir ses camarades pour leur avouer sa véritable identité. Mais elle justifie son attitude en lui disant qu'elle ne voit guère d'autre solution, d'autant que la rentrée des classes approche.
La réalisatrice prend le temps de montrer la relation et les jeux entre les deux sœurs. Des moments forts de complicité, où l'on est des observateurs privilégiés, comme si aucun adulte ne s'immisçait dans leur relation. Une histoire simple sur une question complexe, une atmosphère douce et lumineuse, des relations frontales, un film intelligent et sensible.