mardi 30 janvier 2007


YVES KLEIN À POMPIDOU

Superbe et exhaustive exposition consacrée à Yves Klein, niçois en quête d'absolu mort à 34 ans d'une crise cardiaque (?). Il n'y a pas que l'IKB, l'International Klein Blue, couleur brevetée, qui a fait la fortune du peintre, mais aussi des monochromes or et rose, trois couleurs que l'on retrouve dans le feu, que Klein tentera de domestiquer dans des sculptures ou des peintures de feu (également des toits d'air). Il y a aussi les anthropométries, composées en atelier ou lors de happenings, durant lesquels de jeunes femmes nues apposaient leur empreinte bleue sur des toiles. Klein a voulu composer, créer des architectures et des œuvres immatérielles…
"L'ÉMISSION DE TÉLÉVISION"

Cette pièce a été écrite par Michel Vinaver, "encouragé" par une annonce parue dans Libération à l'été 1988 : «Chômeurs en fin de droits, vous voulez témoigner sur la honte qui s'attache à la privation d'emploi. Contactez-nous au...» Vinaver accumulait depuis plusieurs semaines des notes sur la télévision et «l'obscénité sans limite de cette façon dont on introduisait dans une machine un être humain, une personne, et puis de la façon dont on sortait au bout de ce processus machinique un objet de spectacle».
Ancien patron de Gillette (!), Vinaver signe une pièce ni misérabiliste, ni réaliste, qui mèle la sélection de chômeurs pour passer dans une émission de télévision, à l'élucidation du meurtre de l'un des deux (cette partie est moins convaincante). Les deux histoires s'intercalent avec brio, donnant beaucoup de rythme à cette pièce où chaque personnage a son quart d'heure de gloire, sur un plateau tout blanc. On oscille entre drame et comédie, sur fond de portrait social d'une acuité avant-gardiste. Depuis 1988, la télévision a fait bien pire…

http://www.cdnm-theatre-montreuil.com

"LES GÉANTS DE LA MONTAGNE" DE PIRANDELLO

C'est la dernière pièce de Luigi Pirandello (1936), jouée ici dans sa version inachevée. C'est peut-être pour cela que la correspondance entre ces géants invisibles et la montée du fascisme n'est pas évidente.
Une troupe de théâtre arrive dans une villa qui appartient au magicien Cotrone. La Comtesse Ilse, erre de salles en salles avec ses comédiens pour jouer une pièce écrite par un jeune poète qui s'est suicidé par amour pour elle. Cotrone leur dévoile son univers où l'imaginaire est roi.
Laurent Laffargue signe une mise en scène fantasmagorique peuplée de lucioles, de marionnettes et de mannequins qui s'animent. Mais le texte passe au second plan et ne m'a pas touché. La dernière partie, revue par le fils de Luigi Pirandello, racontait la représentation devant les Géants de la Montagne, huée par le public. Ilse sera tuée et avec elle la Poésie, l'esprit sera vaincu car il s'est détaché du corps...

"ZARATUSTRA" À L'ODÉON

Une pièce de 4h30 jouée en polonais et sur-titrée en français… Le résultat est plutôt convaincant. La pièce est divisée en trois parties correspondant aux trois âge de Zarathoustra, elle reste très fidèle au texte de Nietzsche. Quelques scènes, comme celle du pape errant sur une chaise roulante, sont visuellement très forte. En revanche, la troisième partie, qui nous montre un Zarathoustra (alias Fritz) vieilli, immobile, voire gâteux, est assez ennuyeuse. Sinon, le spectacle est assez fluide, en évitant de tomber dans la réthorique et la prédication.
Le surhomme, "Dieu est mort" ou l'appel à échapper à la compassion, pourraient faire référence au passé polonais de la Seconde guerre mondiale. La pièce, enfin surtout le texte, sont riches de sens.
La mise en scène est un peu ancienne quand il s'agit de mettre une rythmique hip-hop en fond sonore, qui s'intensifie à chaque fois que les acteurs ne hurlent plus, tout comme les comédiens qui apparaissent çà et là du public.

mercredi 24 janvier 2007


"A TOUT DE SUITE"

Rétrospective Benoit Jacquot à la Cinémathèque.

"LE CAÏMAN"

Je m'attendais à une satire sur Berlusconi. Le dernier film de Nanni Morretti est un film sur un producteur qui veut faire un film sur Berlusconi, qui devient un personnage: le Caïman. C'est donc un film sur le cinéma, sur les couples, l'Italie et la politique. C'est drôle, rythmé et impertinent.

LE PALACE RACHETÉ

Le Palace, la boîte de nuit mythique des années 80, va connaître une seconde jeunesse, en devenant une salle de théâtre fin 2007. Les frères Alil et Hazis Vardar, 36 et 38 ans, propriétaires belges de plusieurs théâtres en France, ont racheté l'ancien temple de la nuit parisienne, qui avait fermé en 1996 et avait été depuis occupé par des squatteurs.
Visite très impressionnante de ce superbe endroit abandonné mais qui résonne encore de folles nuits.
1,5 million d'euros de travaux seront nécessaires dans ce lieu en partie classé. Le plafond et les fresques supérieures seront restaurés, les baignoires et les escaliers latéraux préservés. Dommage pour les noctambules, c'était de loin la plus belle boîte de Paris…

BORAT

Enfin! J'ai vu ce film dont parlait tout le monde… après tout le monde. Une telle unanimité de la presse est rare du JDD à Télérama, des Inrocks au Parisien. Deux très bonnes idées : celle de créer un pays, un village, des personnages et un héros de toutes pièces, tous tout droits sortis du guide de la Molvanie ; autre bonne idée, celle de critiquer les États-Unis en flattant laurs instincts réactionnaires, racistes, antisémites… Mais cela ne va pas assez loin, le film manque de rythme et surtout, il ne s'en tient pas à ces deux propos, qui auraient fait une farce politique très acerbe. Dernière chose : Sasha Baron Cohen (alis Borat) est juif et fait plein de blagues antisémites, mais combien de spectateurs les prendront au premier degré ?

"LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN"

Le secret, c'est que nos deux cowboys se sont aimés alors qu'ils gardaient un millier de moutons dans ces montagnes. Ils se sont depuis rangés, mariés, et ont enfanté. Mais leur attirance persiste et ils se revoient chaque année. Mais si l'un voudrait vivre avec l'autre, ce dernier n'y pense même pas à cause des conventions et de la chasse à l'homo qui caractèrise encore l'Amérique des années 60-70. De superbes paysages au début, puis le temps paraît un peu long jusqu'à la mort d'un des deux cowboys vraisemblablement agressé…

"LA MORT DE DANTE LAZARESCU"

A l'occasion du festival Télérama, j'ai vu ce film roumain que j'avais loupé un an plus tôt lors de sa sortie. Dante est un retraité célibataire alcoolique qui vit dans une HLM entouré de ses chats. Il appelle une ambulance parce qu'il vomit et se sent mal, et c'est le début d'un périple entre quatre hôpitaux de la ville, aux prises avec un gros accident de la circulation, des médecins incompétents, suffisants, blagueurs ou j'm'en foutistes… Le calvaire s'achèvera par la mort de Dante, avant l'opération qui aurait pu le sauver… C'est très noir, très réaliste, très long.

LE MP3 EST-IL UN BON FORMAT ?

C'est la question qui était posé à l'IRCAM mardi 16 juin, dans le cadre de la semaine du Son. Nous y avons appris que le MP3 n'est pas un format de compression, auquel cas on pourrait décompresser le son et obtenir la même qualité et richesse que le son d'origine. L'algorithme de codage ausio MP3 élimine tout ce qui lui semble que l'oreille ne distingue pas.
Un bien meilleur format existe: le Ogg Vorbis, format libre de droits, contrairement au MP3, qui est une licence commerciale.
Le MP3 a pour lui la compacité des fichiers, l'identification des titres et leur description et qu'il est compatible avec beaucoup de matériels…
De plus, le public a comme une relation affective à ce format, qui est en fait le nom de l'extension des fichiers (.mp3 comme .doc), et qui désigne parfois les lecteurs ("j'emporte mon MP3"). Alors qu'il s'agit d'un format de mauvaise qualité (mais ne l'écoute-t-on pas dans de mauvaises conditions ?) et déjà ancien (le MPEG 1 Layer III date de 1992 !).

vendredi 12 janvier 2007


"L'EMBRASEMENT"

Le téléfilm sur l'affaire des deux gamins morts électrocutés à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005. Il en ressort que les policiers comme les jeunes ne sont ni tout à fait noirs ou blancs. Dans cette affaire de course-poursuite, les flics coursaient les jeunes parce qu'ils couraient, eux-mêmes couraient parce qu'ils étaient poursuivis par des policiers. Ces policiers apparaissent comme des cowboys dans leur attitude, les jeunes commes des sauvages… Là encore, les deux s'entretiennent de façon ubuesque.
Sur la thèse du téléfilm, qui contredit les versions de l'IGS et de Nicolas Sarkozy (les jeunes n'ont pas été poursuivis… jusqu'au transformateur EDF), il faut noter que c'est le point de vue des deux avocats des familles des victimes, tandis que l'enqête est toujours en cours.

Le film est visible une semaine sur www.arte.tv

"ADULTÈRES" D'ALDO NAOURI

La photo de couverture illustre toute la thèse de ce pédiatre-psychanalyste d'obédience lacanienne : l'adultère est lié aux relations entretenues dans sa petite enfance avec sa mère.

jeudi 4 janvier 2007


"DARATT"

Un film tchadien très recommandable. L'histoire d'une vengeance personnelle, ourdie par un fils orphelin d'un père qu'il n'a jamais connu. Ce père a été tué pendant la guerre civile. Atim ("l'orphelin"), incité par son grand-père paternel, retrouve l'assassin de son père…
Un film juste, une parabole pleine de sens où chacun trouve ce qu'il veut, sur le pardon, la paternité, l'impunité…

lundi 1 janvier 2007


"CASINO ROYALE"

Dernier James Bond en date, en fait le premier de la série écrite par Ian Flemming. Le blondinet Daniel Craig ne choque pas plus que cela la rétine, oui Bond peut-être blond, jaune ou noir. On a son pesant de cascades sauf en pré générique. Pas mal de castagnes, de torture, douleur et cadavres… Beau spot touristique pour le Monténegro.
La dimension psychologique des personnages est plus complexe qu'il n'y paraît. La patronne des services secrets, M, est un peu la mère que n'a pas eui James Bond, M comme mère (mother), pour celui qui est apparemment orphelin. La James Bond girl jouée par Eva Green (photo à gauche), est la potiche faire-valoir de Bond le macho, l'Homme, une femme dépensière à Venise, qui partira avec la caisse. Mais c'est aussi une alter ego de Bond, qui tire les cordons de la bourse de 007. Pas mal donc…