jeudi 31 janvier 2013

La ballade de la geôle de Reading

« La ballade de la geôle de Reading » est la dernière œuvre d'Oscar Wilde, écrite en prison, de façon anonyme. Il  raconte les ultimes moments d’un condamné à mort.
Au Lucernaire, le comédien Jean-Paul Audrain incarne le poète en compagnie de Monica Molinaro au piano. Mais ce long texte ne m'a pas happé, comme un autre réquisitoire contre la peine de mort, celui de Victor Hugo. La poésie en fait peut-être une sorte de litanie un peu désincarnée, encore plus dans ce témoignage sous la forme de ce monologue.
Jean-Paul Audrain avait interprété avec succès « De profundis », la lettre que Wilde rédigea en prison. On le retrouve au Lucernaire jusqu'au 14 avril.

Lincoln

Les derniers mois tumultueux du mandat du 16e Président des États-Unis. Dans une nation déchirée par la guerre civile et secouée par le vent du changement, Abraham Lincoln met tout en œuvre pour résoudre le conflit, unifier le pays et abolir l'esclavage. Cet homme doté d'une détermination et d'un courage moral exceptionnels va devoir faire des choix qui bouleverseront le destin des générations à venir.

C'est une page cruciale de l'histoire des États-Unis, la reconnaissance de l'égalité des droits (et non des races).
Mais quelle longueur ! 2h29 essentiellement concentrées sur les manœuvres de Lincoln pour faire voter ce 13è amendement par les Démocrates, à force de pressions, subornation et en retardant la fin de la Guerre de Sécession. Le film est hagiographique et patriotique, avec une ribambelle d'effets, comme durant le discours de l’abolitionniste pur et dur Thaddeus Stephens (Tommy Lee Jones), qui ménage ses effets, tous les journalistes stylo en suspens et le public le souffle coupé... Histoire de nous faire sentir le vent de l'histoire. L’intimité des Lincoln est aussi développée, avec le drame de la perte d’un fils et l’omniprésence de l’autre enfant.
Le scénario est d’une précision historique impressionnante, le film montre les atouts et les inconvénients toujours d’actualité du système politique américain.

lundi 21 janvier 2013

Les Dents de la Mer

A quelques jours du début de la saison estivale, les habitants de la petite station balnéaire d'Amity sont mis en émoi par la découverte sur le littoral du corps atrocement mutilé d'une jeune vacancière. Pour Martin Brody, le chef de la police, il ne fait aucun doute que la jeune fille a été victime d'un requin. Il décide alors d'interdire l'accès des plages mais se heurte à l'hostilité du maire : est-ce bien un requin ? Si oui, les vacanciers restent le gagne-pain de cette île ; enfin, un requin est capturé, de quoi rassurer la population, alors qu'il ne s'agit pas du même… Spielberg excelle à filmer en caméra subjective les nageurs filmés depuis les fonds marins. d'un souci technique (les reconstitutions de requins n'ont pu toutes fonctionner), le réalisateur fait une force de son film : suggérer le requin plutôt que le montrer, ce qui le rend encore plus terrifiant. La seconde partie du film montre le combat du policier, du vieux loup de mer et du jeune scientifique (conflit social et de génération) affronter seuls en mer la bête. Comme souvent chez Spielberg, l'ennemi est caché dans/sous la société, révélant ses vieux démons.

Le Grand Embouteillage

L'Ingorgo : Una storia impossibile est un film réalisé par Luigi Comencini et sorti en 1979. Il est inspiré de la nouvelle de Julio Cortázar L'Autoroute du Sud.
Un embouteillage bloque sur une autoroute romaine des gens venus de tous les horizons. Au cours de cette insupportable attente se déchainent les passions et les haines, dévoilant ainsi toute la médiocrité de la nature humaine, attisée dans ce microcosme de la société. Toute la société italienne s'y retrouve, au député berlusconiesque. Ce bellatre imbu de lui-même, avec son fidèle assistant qui achète tout le monde (une bouteille d'eau, une jeune femme…), est un peu le fil rouge du film, qui sirote du champagne dans sa Jaguar climatisée.  Marcello Mastroianni joue un acteur célèbre qui fuit ses fans qui assiégeaient sa voiture  pour trouver refuge chez un jeune et pauvre couple qui habite à 10m de là, il en profite pour séduire la jeune épouse enceinte. Depardieu joue le rôle d'un cocu qui en prend conscience dans sa voiture, surprenant une conversation entre sa compagne (Miou-Miou) et son meilleur ami. Patrick Dewaere est étonnant en jeune drogué de la clope et du sexe, qui fantasme sur sa supposée petite amie Mara. Dans la caravane de Néerlandais, les programmes de la télé sont perturbés comme toute l'économie du pays à cause de cet embouteillage ; les avions tournent dans les airs car les contrôleurs aériens, exténués, n'ont pu être remplacés. Un blessé dans une ambulance veut calculer sa pension d'invalidité, mais il meurt, et un prêtre vient prêcher contre la société de consommation. Annie Girardot joue l'épouse d'un couple qui va fêter ses 25 ans de mariage et de bonheur. Les clefs qu'elle a soi-disant oubliées vont laisser transparaître leur haine. Son mari prenant plaisir à imaginer des cambrioleurs profitant de la situation… alors qu'il a les clés dans sa poche !

Luigi Comencini tient son pari de nous laisser dans ce grand embouteillage du début à la fin de son film, soit durant deux heures, souvent comiques, mais avec beaucoup d'amertume sur l'Homme, qui révèle ses instincts de survie, de profit, sexuels, ou instincts grégaires. On rit jaune, puis plus du tout lors du viol d'une jeune femme par trois jeunes blondinets, tandis que les passagers d'une autre voiture ferment littéralement les yeux, estimant que ce n'est pas leur problème.

Avec Harry BAER, Gérard DEPARDIEU, Patrick DEWAERE, Annie GIRARDOT, Marcello MASTROIANNI, MIOU-MIOU, Angela MOLINA, Fernando REY, Jose SACRISTAN, Stefania SANDRELLI, Alberto SORDI, Ugo TOGNAZZI

jeudi 17 janvier 2013

PULSIONS spectacle du CENTRE NATIONAL DES ARTS DU CIRQUE

Le spectacle de fin d'études de la 24e promotion du Cnac se donne sous chapiteau à la Villette. L'occasion de découvrir une quinzaine de jeunes gens du monde du cirque. Ici, pas de clowns ni d'animaux, mais beaucoup de numéros de trapèze (deux jeunes femmes ne se lâchent plus), de saut, de vélo, de corde ou de funambule. Trois jeunes femmes nues un néon en guise de cache-sexe, un équilibriste à talons aiguille et perruque, La mise en scène a quelques longueurs et semble parfois aller dans tous les sens. De beaux jeux de lumières et de projections sur une triple suspension géante.

Piano Rigoletto

Seul en scène, Alain Bernard nous explique son amour de piano, avec beaucoup de jeux de mots et d'allusions à des chansons ("il jouait du piano debout"). Sous la direction de Pascal Légitimus, sa leçon de musique est un bon moment, même si elle mériterait des textes un peu plus travaillés. Mais il excelle dans les bons mots ou les imitations, comme celle de Michel Jonasz. Un bon moment.

mardi 15 janvier 2013

Dialogue avec une Pussy Riot


La seule des trois membres relaxée était l’invitée d’une visio-conférence sur la liberté artistique en Russie. Cette rencontre était organisée par l’association Russie-Libertés à la Maison d’Europe et d’Orient à Paris, lundi 14 janvier. 

Ekaterina Samoutsevitch expliquait : « le pouvoir s’est emparé de la religion orthodoxe et de ses symboles pour sa propagande. Il mène une politique conservatrice à l’égard des femmes ou des homosexuels. Beaucoup de personnes ont cru que notre action était anti cléricale, alors qu’il s’agissait d’une action artistique et politique. » Les Pussy Riot avaient organisé un concert punk et des prières dans la cathédrale du Christ Saint-Sauveur à Moscou le 21 février 2012.
À la question de l’avenir des Pussy Riot, Ekaterina Samoutsevitch répondait : « il est désormais très difficile pour nous d’agir. Mais Pussy Riot est un personnage artistique qui peut être reproduit par d’autres. » Des propositions de collaborations avec des ONG ou théâtres lui ont été faites.

Alek D. Epstein, spécialiste de l’activisme artistique, détaillait plusieurs cas de censures et de pressions —souvent physiques— contre des artistes russes, parmi lesquels certains ont été inspirés par les Pussy Riot. À Saint-Pétersbourg, l’exposition « Icons » ou le spectacle « Lolita » ont été interdits. La comédie musicale « Jésus Christ Superstar », qui tourne depuis plusieurs années en Russie, a été dénoncée comme offensante par des orthodoxes, certaines représentations ont également été interdites.

La Belle & la Bête

Bernard Magrez, riche entrepreneur dans les grands crus classés, a créé un Institut Culturel à son nom à Bordeaux. Situé dans le château Labottière à Bordeaux, l'établissement propose jusqu'à fin janvier une exposition, intitulée "La Belle & la Bête", une réflexion sur la dualité de la beauté;
On retrouve des œuvres de tous horizons : Magritte, Claude Lévêque, Bernard Buffet, Shirin Neshat (photos de femmes recouvertes de calligraphies farsi) ou Adel Abdessemed (un cube d'animaux empaillés).
On ne voit pas toujours le rapport de ces œuvres avec le thème annonce (un SDF photographié par Boris Mikhailov, un collage de Magritte…). Et les quelques photos d'artistes qui posent avec le propriétaires des lieux semblent un peu m'as-tu-vu.

lundi 14 janvier 2013

À la française

Edouard Baer continue les spectacles délirants, fourre-tout de sketches et chansons (Le Grand Mezze) au Théâtre Marigny. Point de départ : Edouard Baer (interprété par Edouard Baer) doit présenter le lendemain un spectacle représentant la France devant les chefs d'Etat du G20. Mais rien n'est prêt, tout s'improvise, se teste, se cherche : bons mots, costumes, rôles (le jeune, la scène à la campagne, la banlieue…).
 L'occasion de jouer des clichés et pour Edouard Baer de lancer de bonnes vannes (Comment t'appelles-tu ? Jean-Pierre. C'est mon prénom préféré. Tu érotises tout. Il ne faut jamais s'inquiéter, car rien ne s'arrange jamais). Il vaut mieux, bien sûr,
être fan d'Edouard Baer.

samedi 12 janvier 2013

Margin Call

Tout part d'un calcul du modèle de risques revu par un trader licencié. Sa boîte aurait "dépassé les limites historiques de volatilité". On reste dans le même registre, quasiment la même scène : "on a merdé, que faire ?". Le boss, puis les actionnaires et le CEO sont convoqués à 2h du matin.
Stratégie : refourguer toutes ces positions foireuses à d'autres, quitte à lancer une véritable crise financière.
Le film n'explique rien. On s'ennuie ferme, car on ne croit pas une minute à cette histoire, peut-être parce que les personnages font montre de peu de sentiments, à part Sambpour (Kevin Spacey) sa chienne qui vient de mourir…

jeudi 3 janvier 2013

Les Invisibles


Des hommes et des femmes, nés dans l'entre-deux-guerres. Ils n'ont aucun point commun sinon d'être homosexuels et d'avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait. Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l'amour. Devant la caméra de Sébastien Lifshitz, ils racontent ce que fut cette vie insoumise.



À les voir dans leur quotidien très banal, on ne fait plus guère de différence avec des couples hétérosexuels, c'est l'une des forces du film, qui montre la jeunesse et la liberté de ces septuagénaires qui ont vécu heureux et cachés. Certains ont néanmoins connu une terrible solitude due à leur différence ou aux aléas de la vie. Ces anonymes, militants ou non (au Front homosexuel d’action révolutionnaire par exemple), sont très attachants.

mercredi 2 janvier 2013

L'âge d'or des cartes marines

La BNF présente jusqu'au 27 janvier une vaste exposition de cartes postulans. Nom dérivé de l'italien "portolano" qui désignait un livre d'instructions nautiques.
Ces cartes permettaient de se repérer en mer. Elles sont à la fois des outils techniques et des œuvres d'art, figurant tout l'imaginaire lié aux nouveaux mondes : animaux étranges, villes d'ailleurs, indigènes… de quoi faire rêver sur l'inconnu.