lundi 18 février 2013

Le long de l'Ourcq…











samedi 16 février 2013

Django de Sergio Corbucci

Le western spaghetti qui a inspiré Tarantino (et bien d'autres). Ce film italien a remporté un succès international, malgré une grande part d'improvisation. Il n'y avait pas vraiment de scénario, Django (Franco Nero, qui joue dans le Tarantino) a tiré un moment son cercueil sans savoir ce qu'il y avait à l'intérieur : une mitrailleuse. Elle lui permettra de dézinguer 40 hommes du sudiste Jackson, puis les soldats qui gardent un bon stock d'or, aidé par les hommes du général mexicain Hugo Rodriguez, son ami qui ne veut pas lui donner sa part du butin. Hugo se venge de Django, parti avec le butin, en lui faisant piétiner les mains. Malgré cela, notre homme tuera le Major Jackson et son quarteron de fidèles, dans le cimetièrede Tombstone (référence à Wyatt Earp ?) où est enterrée sa belle.

Un film de série B un peu long, mais moins violent que le Tarantino, quoi que la scène de l'oreille coupée, des Mexicains tués comme au ball-trap ou des mains piétinées soient très cruelles. Quentin Tarantino s'est inspiré de très loin du scénario, et davantage du personnage, qui est ici solitaire et sans lien avec les esclaves.

vendredi 15 février 2013

Zero Dark Thirty

Le récit de la traque d'Oussama Ben Laden par une unité des forces spéciales américaines. Des interrogatoires très musclés (torture de rigueur, au spectateur de se faire son opinion) à la traque d'un messager via son téléphone mobile très mobile. La très jolie Jessica Chastain, héroïne à part dans un monde très masculin, joue le rôle d'un agent très déterminé et sûr "à 100%" que Ben Laden se cache dans cette grande maison.
"J'ai buté le type du niveau 3" s'exclame un des GI, comme s'il parlait d'un jeu vidéo. Avec leurs gilets pare-balles, leurs lunettes à infrarouges, caméras et fusils laser, on a un peu l'impression d'être dans un jeu d'arcade, où la vie humaine n'a guère de prix.
Ce film d'une précision quasi documentaire est à la fois le portrait d'une femme, un film d'espionnage et de guerre. Avec une question posée aux États-Unis : la fin justifie-t-elle les moyens ?

mardi 12 février 2013

London Riots Revisited

Lewis Whyld présentait ses photos des émeutes de Londres (août 2011) à The Strand Gallery, à Londres, durant la semaine du 4 au 11 février. Ce dimanche, le photographe est présent dans la galerie et répond volontiers aux visiteurs. Il a surtout photographié les affrontements et les incendies, moins les pillages de magasins. 
La photo du Allied Carpets building en feu est très impressionnante, belle et captivante, des flammes et des points lumineux jaillissants de partout. On a peine à croire que l'on est à Londres convient Lewis Whyld. "Scaring" revient souvent dans ses mots et ceux d'un documentaire présenté. 

Une image me rappelle la pochette de l'album des Monkey Mafia. Les incendies nocturnes ont quelque chose d'irréel et fascinant, une sorte de cauchemar.

samedi 9 février 2013

La Réunification des deux Corées

Dernière création de Joël Pommerat, la Réunification des deux Corées se compose d’une vingtaine de moments dramatiques, des «nouvelles» (les termes sont de l’auteur) autour du thème de l’amour – "quel que soit le sens que l’on donne à cette expérience fondamentale que nous partageons tous, ne serait-ce qu’en éprouvant son absence". Il y est surtout question de désamour, et d'un domaine sans aucun droit ni devoir, de la difficulté des êtres à s'entendre.

Exemples.
Une femme de ménage passe le balai dans un immense couloir très mal éclairé. Le public a lui discerné le corps d'un homme pendu 3 mètres au dessus d'elle. Sa collègue arrive et lui dit de ne pas rester là : c'est le corps de Patrick, le mari de Corinne, qui justement arrive. Ses deux collègues lui demande des nouvelles de Patrick. "Ils vous a appelées pour vous dire qu'il allait tuer les enfants ?"  
Elle explique alors ses menaces, son désespoir après le divorce qu'elle a obtenu après des années de martyr. "Tu n'en pouvais plus de ce mec ?" lui disent-elles. Mais elle explique qu'elle voulait cet électrochoc pour qu'il change car c'est l'amour de sa vie, qu'ils se remarieront...
Ou pire, ce couple qui rentre de soirée et demande à la baby-sitter si les enfants dorment. Il n'y a pas d'enfant, répond t-elle d'abord, avant que l'on comprenne avec un terrible effroi qu'il n'y a jamais eu d'enfants, que ce couple est uni dans sa solitude et sa folie. Une scène assez magistrale. Pommerat joue avec le spectateur,  la réalité et la vérité changent brutalement.
Joël Pommerat dit s'être inspiré de la Nouvelle Rêvée d'ARthur Schnitzler et de Scènes de la vie conjugale d'Ingmar Bergman pour montrer la folie que recèle le quotidien. Mais ici, guère de mystère ou de surnaturel, comme dans la plupart de ses pièces, on reste dans une certaine trivialité des scènes conjugales, heureusement parfois transcendées par un certain trouble qui saisit le spectateur.

mardi 5 février 2013

Django Unchained


Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle.

« Mon nom est Django, D-J-A-N-G-O, le D est muet. » On se croirait dans un James Bond avec un héros invincible, qui se sort des situations les plus désespérées grâce à d'improbables coups de théâtre. Son ascendance sur le chasseur de primes comme sa rapidité digne de Lucky Luke sont assez invraisemblables. Le film est un peu long, notamment toute cette négociation avec di Caprio pour racheter la femme de Django sous couvert d’acheter un lutteur. Tarantino s’est dit fasciné par le film de Sergio Corbucci, le western ultime « car, jamais jusqu’alors, on avait vu tant de violence, de brutalité, d’irréalité aussi parfois. » Ici aussi le sang gicle à deux mètres de hauteur, les têtes explosent… Tarantino décrit surtout l’Amérique de 1858, où les noirs sont traités pire que des chiens, où la loi du plus fort est la règle.
À mettre en écho du Lincoln de Spielberg, qui se déroule quelques années après.

Le bonheur est à l'intérieur de l'extérieur de l'extérieur de l'intérieur, ou l'inverse


Gauthier Fourcade est d'abord désarçonnant par son cynisme : comment faire que tout le monde soit heureux ? En tuant les malheureux ! Mais leurs proches seront alors malheureux… S’ensuivent des syllogismes et logiques absurdes poétiques et drôles. Le comédien joue avec les mots à la façon de Raymond Devos. Comme à la banque, où il se rend parce que sa carte a été avalée. « Vous voudriez me faire avaler tout ça ? Vous avez bien avalé ma carte ! » Et le banquier de lui expliquer que sous le soleil, chaque objet a son nombre. Et ce nombre, c’est son prix… Sauf la lune, mais le banquier s’est toujours dit que la lune était argentée. Le bonheur c’est d’avoir toujours plus, mais on a jamais assez, il faut donc emprunter : le bonheur est dans le prêt. Bref, c’est surtout un spectacle très bien écrit et très intelligent, qui fera sourire plus qu’il ne fera rire. Une parenthèse métaphysique où le non sens et les associations d’idées nous emmènent très loin.
Manufacture des Abbesses.

samedi 2 février 2013

Blancanieves

Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre qui l'a enfermée dans une cave, tout en isolant son père torero handicapé dans un fauteuil.  Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, Carmen va rencontrer une troupe ambulante de nains toreros qui va l’adopter et lui donner le surnom de "Blancanieves". C’est le début d’une aventure qui va conduire Carmen/Blancanieves vers elle-même, vers son passé, et surtout vers un parcours prédestiné…
Ce très beau film muet et en noir et blanc tient la route. On pense souvent au "Fabuleux destin d'Amélie Poulain" pour la photo, les mouvements de caméras (de l'œil du taureau à celui du torero, depuis un lustre…) et les décors de carte postale. Un joli conte, à la fois tendre et très cruel.