mardi 29 mai 2007

LE KRONOS QUARTET

Le quatuor américain revient chaque année au Théâtre de la Ville à Paris. Et chaque année, ils tentent de repousser les limites de leur musique. Un jour ils casseront leurs instruments quand ils n'auront plus matière à innover, diront les mauvaises langues !
Une première œuvre, signée du duo electro norvégien XPLODING PLASTIX ("The Order of Things") ne brille pas par son originalité. En revanche, l'arrangement de la B.O. de CLINT MANSELL (extrait de "The Fountain" d'Aronofsky) avec les guitares sur bandes de Mogwai est ample et prenant, surprenant est "Wüste (Désert)" signé EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN.
Dérangeant est le chant de gorge inuit de TANYA TAGAQ, qui semble à la fois miauler comme un violoncelle et gronder comme un chien. Cette pièce très avant-gardiste joue aussi sur les minauderies de la chanteuse avec chacun des musiciens.
Le spectacle s'achève sur un très long Quatuor à cordes de GÓRECKI (n° 3, op. 67, Piesni Spiewaja), malgré de très beaux moments (le jeu sur les silences).

jeudi 24 mai 2007


"LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR"

Le Marquis de Sade (1740-1814) passe près de trente ans de sa vie en prison et, c’est là, dans la solitude la plus absolue, qu’il compose la majeure partie de son œuvre, des pièces de théâtre les plus sages aux romans les plus fous. La philosophie dans le boudoir paraît en 1795, à Paris, sous le manteau. Œuvre littéraire et politique, elle comprend sept dialogues d’une grande liberté de langage et un pamphlet-brûlot : Français, encore un effort si vous voulez être républicains.

Le sous-titre « ou les instituteurs immoraux » sous-entend bien qu'il s'agit de l’éducation sexuelle d’une jeune fille, Eugénie de Mistival. Participent à ces "réjouissances", le Chevalier de Mirvel, Dolmancé, le plus corrompu des libertins, et Augustin, le jardinier. Eugénie se montrera une élève docile, d’une surprenante curiosité pour les délices de la chair.

Stanislas Nordey (Dolmancé) et sa compagne Valérie Lang (Madame de Saint-Ange) se donnent la réplique de plus en plus dénudés. Mais c'est surtout les dialogues très crus (vit, con, sperme, sodomie…) qui choquent deux cents ans plus tard, et l'idéologie plus que libertine, très immorale, contre toute vertu et tout attachement, qui perturbe. La mise en scène de Christine Letailleur sombre parfois dans le ridicule, mais évite le scabreux, avec force rideaux rouges.

dimanche 20 mai 2007

LA NUIT DES MUSÉES

Au musée du Moyen Âge de Cluny, visite et chants médiévaux… parmi les statuts de saints et de Jésus. Ce saint là n'a pas l'air de plaisanter !

samedi 19 mai 2007


DÉCOUVERTE DES OISEAUX À PARIS

Dans le cadre de la Fête de la Nature, parrainée par l'enseigne Nature & Découvertes, une promenade était organisée samedi 19 mai sur le thème : Observer et étudier les oiseaux de XVIIè arrondissement. Partis du square des Batignolles, nous longeons la voie ferrée désaffectée du Bd Péreire. Dans le square, nous regardons les canards col vert, des oies à tête barrée (elles survolent l'Himalaya), puis des martinets (ils s'accouplent en vol) ou des accenteurs mouchets (très ressemblant au moineau). Observation mais aussi écoute des chants des oiseaux, le troglodyte agrémente le sien d'une trille. On apprend également à reconnaître les oiseaux granivores (au gros bec) des oiseaux insectivores (petit bec).
Même à Paris, on peut s'amuser de l'observation de la nature, entre une moto vrombissante et deux murs de béton.

THE SHOPPINGS

Le duo (anti ?) bran- chouille jouait au Café de la Danse à Paris, devant un public parsemé (pont oblige). "Tu fais quoi dans la vie ? C'est des quoi tes chaussures ?", le duo joue son tube au piano et le désamorce de sa charge d'énergie. Ils se vident deux bouteilles de champagne sur scène, devant pas mal de filles qui semblent tout droit sorties du Paris-Paris de leurs chansons.

mercredi 16 mai 2007


TOUT IRA BIEN

Un homme divorcé, au chômage et au penchant prononcé pour la bouteille voit son fils, âgé de quinze ans, débarquer chez lui sans crier gare. L'adolescent est déçu par la façon de vivre de son père, mais la complicité entre les deux est vite retrouvée. Ce premier film de Robert Thalheim (Allemagne) étonne par la maturité et la maîtrise de son jeune réalisateur (32 ans). Tourné avec peu de moyens (en DV), le film tire son originalité surtout de ses excellents acteurs plus que de son scénario, qui a des airs de déjà-vu (la banlieue, la loose, un moment de complicité hilare, une séquence dramatique, etc.).

lundi 14 mai 2007


We Feed the World - le marché de la faim

Encore un film autrichien sur l'industrialisation de la (mal)bouffe, après "Notre Pain Quotidien". Le réalisateur Erwin Wagenhofer montre parfois les mêmes images (poussins à la chaîne, serres d'Almeria…), mais il nuance son propos en filmant la pêche ou l'agriculture traditionnelles ou artisanales. Les propos du PDG de Nestlé sont éloquents sur l'eau, vue comme une marchandise plutôt qu'un bien universel accessible à tous.
les deux filsm sont complémentaires, avec uen préférence pour "Notre Pain Quotidien".

FAUT PAS PAYER

La pièce, qui a pour cadre l'Italie des années 70, est l'une des plus repré- sentatives d'une oeuvre (couronnée par le Prix Nobel de littérature) qui conjugue la grande tradition de la farce italienne (les tréteaux, les masques, les lazzi) et l'engagement politique contemporain.
Nous sommes à Milan et comme beaucoup d’ouvrières, Antonia et Margherita ne peuvent plus faire face à l’augmentation des prix des loyers. Dans un élan collectif, les femmes du quartier décident l’auto-réduction des prix dans leur supermarché habituel. L'excitation monte , les hommes interviennent et ce n’est plus qu’un cri dans le magasin : « Faut pas payer ! »…

vendredi 11 mai 2007


DE KEERSMAKER AU THÉÂTRE DE LA VILLE

Avec l’un des quatuors à cordes de Béla Bartók, la Grande Fugue de Beethoven et la Nuit transfigurée de Schönberg, la chorégraphe de Rosas reprend trois pièces emblématiques de sa carrière. Anne Teresa De Keersmaeker est une chorégraphe dont la réputation n'est plus à faire. Pourtant, ses deux premières pièces, si elles ne manquent pas de mouvement et de souffle, ne touchent pas par l'émotion, elles manquent également de narration. Quatre femmes vêtues de jupes noires jouent à s'affronter en faisant des pas de danse, puis arrivent hommes et femmes en costume, qui se frôlent sans se toucher, pour mieux tomber au sol en chutes roulées.
La troisième pièce (photo) est plus émouvante. Dans une forêt de l'inconscient collectif, des couples se cherchent et s'apprivoisent, produisant les fragments d'un discours amoureux.

samedi 5 mai 2007


"LA FEMME DES SABLES"

Ce film japonais de Hiroshi Teshigahara de 1964 ressort en version longue et copie neuve. Il avait remporté à l'époque le Prix spécial du jury au Festival de Cannes.
Un entomologue doit passer la nuit dans un village perdu au milieu des dunes de sable. Les villageois l'escortent jusqu'à une fosse au fond de laquelle une femme l'accueille et lui offre repas et couche. Pendant la nuit, la femme sort et ramasse le sable qui s'écoule des parois. Au petit matin, l'échelle de corde a disparu et l'homme se rend compte qu'il a été fait prisonnier, les villageoises retenant ainsi des hommes pour les aider à survivre dans ce milieu hostile.
Notre entomologue croit pouvois s'en sortir, mais il est bel et bien pris au piège par sa charmante hôtesse aidée des villageois. Haine, indifférence, amour ou méchanceté, il passe de l'un à l'autre entre ces quatre murs de sable, qu'il faut chaque nuit repousser.
Les cadrages, les gros plans du sable sur les peaux, les mouvements du sable et la photo sont magnifiques, tout comme la musique expérimentale de Toru Takemitsu. Une vraie curiosité.

"LA TEMPÊTE"

Dominique Pitoiset met en scène la pièce de Shakespeare et y interprète Prospero. Une mise en scène très poétique et intriguante à la fois, puisque deux personnages (Ariel et Caliban) sont interprétés par des personnes de petites tailles, tandis que cinq autres personnages sont des marionnettes guère plus grandes, d'un mètre quarante. La scène est recouverte de sable et de caisses de bois, car nous sommes sur une île déserte.

Pour créer cette Tempête, Pitoiset s'est entouré d'une distribution française, italienne, allemande, tunisienne. Chacun des comédiens joue dans sa propre langue ; l'italien évoque la commedia dell'arte, l'allemand l'école brechtienne… Prospero, le vieux magicien forcé à l'exil par son frère scélérat, est ici un vieux père aveugle, qui offre à sa fille un songe, une illusion peuplée de magie et d'êtres étranges. (Prospero: "Ces acteurs, je vous l'ai dit, étaient tous des esprits" A.IV,Sc.1)
Rêve ou cauchemar, ces créatures de l'île sont nées de l'esprit de Prospero, fantômes revenus du passé, spectres de son inconscient.

"TRÈS BIEN MERCI"

Un film très juste signé Emmanuelle Cuau, avec Gilbert Melki et Sandrine Kiberlain. Alex (Melki), comptable, et Béatrice (Kiberlain), chauffeur de taxi, forment un couple sans histoires. Mais Alex n'est pas du genre à se laisser brimer ou verbaliser sans explication, par exemple pour une cigarette allumée dans le métro. Il n'aime pas l'arbitraire ou les interdictions et ne passe pas son chemin devant des policiers effectuant un contrôle d'identité.
Parce qu'il scrute impassible les méthodes des forces de l'ordre, celles-ci l'embarquent au poste où il passe la nuit. Toujours aussi rebelle au petit matin, demandant à voir un commissaire, on l'emmènera voir le service psychiatrique d'un hôpital.
Il se retrouve interné puis au chômage… Il n'arrivera à sortir de cette spirale infernale qu'en mettant de côté sa franchise et son désir de justice… Un film réaliste dans sa vision pessimiste de la société.