vendredi 29 novembre 2013

Chassol "Indiamore" aux Bouffes du Nord

Le spectacle commence par le discours d'un musicien  qui visualise la musique indienne comme deux lignes horizontales, la première symbolise la basse jouée par un tempura, c'est un ton, un tronc qui définit le point d'ancrage de l'harmonie. La seconde naît de la première et revient toujours à elle, elle représente la mélodie.
Le clavier accompagne la mélodie de la phrase, comme il accompagnera toutes les musiques à l'écran. Petit à petit, cet accompagnement devient un dialogue, puis une vraie formation de musiciens, où l'on ne distingue plus de distance entre Europe et Inde, musique traditionnelle et musique moderne, réel et virtuel…
Christophe Chassol est passé par l’école de Jazz et le Berkley College of Music. Il collabore avec Phoenix, Sébastien Tellier, pour le cinéma, la télévision et la publicité, et crée également des « ultrascores », des projets orchestrant images et sons.

Les boucles sont à la fois visuelles et sonores, sur lesquelles le pianiste et le batteur se calent pour accompagner ces sonorités indiennes.
Une chanteuse apparaît à l'écran assise par terre, sur les bords du Gange. La musique filmée en Inde vit au milieu des sons de la ville : dans un taxi, dans la rue, sur une barque… au milieu des sons de tous les jours.
Le dispositif crée un résultat inédit et très réussi du point de vue du spectacle et de la musique. Le mariage de ces musiques des deux côtés du globe créé une transe à la fois puissante et très touchante.

lundi 25 novembre 2013

Salo ou les 120 journées de Sodome

Dernier film de Pasolini (1976), avant qu'il ne soit assassiné. Un film sulfureux et mystérieux, où le totalitarisme côtoie le sadisme. Nous sommes à Salò, petite ville de l’Italie du nord où Mussolini instaura sa République sociale fin 1944.

Olivier Père y voie une diatribe anticapitaliste. "Salò… dénonce l’asservissement du prolétariat, explique comment le capitalisme transforme tout en marchandise". "Tout ce qui irréalise le fascisme est mauvais ; et tout ce qui réalise Sade est mauvais" disait Roland Barthes.
Le film se divise en quatre segments : "le vestibule de l’enfer", "le cercle des manies", "le cercle de la merde", "le cercle du sang", qui vont crescendo dans la domination, la torture et la provocation. A la fin, le spectateur est vraiment voyeur, avec cette longue vue qui épie derrière un carreau les tortures menées dehors.

vendredi 22 novembre 2013

Il était une forêt

Le botaniste Francis Hallé explique : « Quand j'ai commencé, en 1960, il y avait pléthore de forêts tropicales primaires. On aurait fait rigoler n'importe qui en annonçant leur extinction cinquante ans plus tard. La déforestation est allée très vite, le temps d'une vie, en l'occurrence la mienne. » Assis au milieu de branches, à 70 m du sol, Francis Hallé contemple la forêt, la dessine, pour mieux signifier l'absence de danger et le calme des forêts. Primaires, secondaires ou tropicales, on n'en saisit pas vraiment les différences. Les images de synthèse figurent la croissance des arbres, qui aurait été trop longue à filmer.
On découvre les ruses des arbres : émettre des odeurs pour communiquer un danger, se charger de toxines pour dissuader un prédateur ou imiter des œufs de fourmis pour les attirer afin d'éloigner les chenilles.

dimanche 17 novembre 2013

40 ans du CAPC

Le Centre d'arts plastiques contemporains de Bordeaux fête ses 40 années d'existence, alors que s'ouvre la dixième édition de Novart, rendez-vous du spectacle vivant. Nous apprenons ce jeudi 14 novembre la nomination de la Colombienne María Inés Rodríguez Fernández pour diriger le CAPC. C'est l'actuelle directrice, Charlotte Laubard, qui nous reçoit et nous présente l'exposition consacrée à Sigma. Une sorte de parallèle s'établit avec Novart qui s'ouvre ce même jour. Sigma s'est arrêté avec l'arrivée d'Alain Juppé à la mairie, initiatrice de Novart.
Créé par Roger Lafosse, le festival Sigma (1965 – 1996) électrisa Bordeaux avec toute l'avant-garde de la musique, des arts plastiques ou du théâtre : Living Theatre, Sun Ra, Miles Davis, Pierre Henry, Carolyn Carlson,  Jérôme Savary, Bartabas ou encore Magma.
Performance en ouverture de Novart : Hassan Razak et Pierre Cartonnet, mise en scène Pierre Rigal (vidéo). Quand la bagarre devient danse…


jeudi 14 novembre 2013

Philippe Pareno @ Palais de Tokyo

Un immense écran blanc nous cueille, et fait de nous des ombres chinoises. Puis une image appelle au loin, sous la verrière, immense ; on s'en approche. Mais au fur et à mesure, le trouble gagne : au lieu de s'affirmer, la définition se brouille. De près, le film a perdu toute réalité. Composé de LED, l'écran se laisse traverser par les silhouettes. Une exposition, vraiment ? Plutôt « une chorégraphie des corps dans l'espace, une chorégraphie de l'attention, des regards, à travers le son et la lumière. Une mécanique est à l'œuvre, et force les corps à bouger ».

samedi 9 novembre 2013

Le Bal des intouchables

La troupe des colporteurs élargit son horizon au-delà du funambulisme et se frotte à d'autres disciplines circassiennes pour ce spectacle Le Bal des intouchables (clown, musique, mât chinois…). Il commence avec de gros sacs poubelle jetés au milieu de la piste. S'en échappent une main ici, un pied là… Corps jetés ou chrysalides.

Antoine Rigot incarne un clown qui adopte un fauteuil roulant puis une corde de pendu, laquelle deviendra le fil de la vie, le reliant à une femme (Agathe Olivier). Au mât chinois, le funambule est désarticulé, comme aimanté par ce mât sur lequel on lui ordonne de monter coûte que coûte (épuisé, avec un seau sur la tête…).

Puis, sur une balançoire en métal, un homme tient en équilibre sur la tête, tandis qu'un autre l'évite. Pauline Dau interprète une drôle de maîtresse de cérémonie, aux soubresauts corporels inattendus.

En 2000, Antoine Rigot a fait un mauvais plongeon dans la mer et s'est retrouvé paralysé. La séquence qui voit son personnage de clown avancer sur le fil avec à une paire de béquilles qui touchent le sol est à la fois drôle et poignante. Le spectacle prône des valeurs de solidarité, de la persévérance plus que de l'exploit.


Parc de la Villette, Paris 19e. Jusqu'au 29 décembre.

mercredi 6 novembre 2013

Nadja ou l’âme errante

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Nadja ou l’âme errante est une adaptation du journal d’André Breton contant sa rencontre puis sa passion avec Nadja, mise en scène à l'Aire Falguière.
Sur scène, Bernard Havette (également metteur en scène) incarne le poète surréaliste, tandis que Nolwenn Tanet, au piano et à l’accordéon, personnifie par moments la mystérieuse et fantasque Nadja.
Rencontrée dans une rue parisienne en octobre 1926, André Breton la côtoie jusqu’en février 1927. « J'ai pris, du premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l'air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s'attacher, mais qu'il ne saurait être question de se soumettre. » Nadja est une non-conformiste, libre, instinctive, une femme poétique et surréaliste malgré elle, perdue dans le monde des hommes. Son don pour la prophétie(une fenêtre va s’allumer sur une façade), sa liberté, son mystère… déroutent. Elle se définit comme « l’âme errante », elle sera finalement internée en hôpital psychiatrique.

J’ai eu un peu du mal à identifier André Breton au comédien, malgré la force de son jeu, et Nadja à la musicienne, peut-être parce qu’ils sont très différents. Le texte développe peu les sentiments passionnés des deux personnages.

dimanche 3 novembre 2013

Pitchfork Music Festival 2

Junip est le projet de José González, songwriter suédois. Une folk aux accents cosmopolites agréable à écouter. Jagwar Ma avec son côté dub lancinant, puis ses son rock dansant de plus en plus electro rappelle les riches heures de Madchester, avec des groupes comme les Happy Mondays, Stones Roses ou Primal Scream.
On passe ensuite du coq à l'âne, avec un peu d'A$ap Rocky en introduction du rappeur Danny Brown. Voix de canard, mais prods parfois expérimental et extrêmes, façon dirty south. Cela bouge bien.


Ratés à Paris et Saint-Malo, j'attendais avec impatience le duo Disclosure. Les deux frères britanniques apparaiseent derrière des pupitres avec ordinateurs, claviers, mais aussi batteries électroniques et guitare basse. Les deux frangins chantent sur "F for You", mais ensuite les voix d'Aluna George ou Jessie Ware sont des enregistrements. C'est ce qui pèche un peu dans ce live : la présence d'une ou de chanteuses. Bizarrement, cela me gênait moins lors des lives des Chemical Brothers, par exemple. Les tubes de Disclosure s'enchaînent, transformant la Halle de la Villette en gigantesque piste de danse.

Pitchfork Music Festival 1

Retour du Pitchfork Music Festival à Paris, à la Villette. Je ne connais pas grand chose de la programmation de ce soir, à part Mount Kimbie et Darkside.
Mac DeMarco (Montréal) ne me convainc guère : du rock de chevelus façon Greenday ou rock US 80's, déjà entendu.
En revanche, les quatre femmes de Savages produisent un rock post-punk électrique, dissonant, rythmé et expérimental qui surprend à chaque titre. Une belle découverte.
Mount Kimbie me semble plus intéressant sur scène que sur disque, réussissant un bel alliage entre electro et pop (chant, guitare), avant-gardisme et chansons.

L’Américano-Chilien Nicolas Jaar se prioduit avec le guitariste Dave Harrington, sous le nom de Darkside. Of the Moon bien sûr comme le montre la mise en scène (on ne voit presque rien). Côté musique, l'heure semble bien longue, la musique est hypnotique, mais a du mal à décoller, les titres sont très longs et progressifs…

Le jeune Anglais The Haxan Cloak, nous assène d'abord des vrombissements de basses, puis des sons cauchemardesques très barrés, tout un univers, très sombre, vénéneux mais addictif.