jeudi 24 mai 2007


"LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR"

Le Marquis de Sade (1740-1814) passe près de trente ans de sa vie en prison et, c’est là, dans la solitude la plus absolue, qu’il compose la majeure partie de son œuvre, des pièces de théâtre les plus sages aux romans les plus fous. La philosophie dans le boudoir paraît en 1795, à Paris, sous le manteau. Œuvre littéraire et politique, elle comprend sept dialogues d’une grande liberté de langage et un pamphlet-brûlot : Français, encore un effort si vous voulez être républicains.

Le sous-titre « ou les instituteurs immoraux » sous-entend bien qu'il s'agit de l’éducation sexuelle d’une jeune fille, Eugénie de Mistival. Participent à ces "réjouissances", le Chevalier de Mirvel, Dolmancé, le plus corrompu des libertins, et Augustin, le jardinier. Eugénie se montrera une élève docile, d’une surprenante curiosité pour les délices de la chair.

Stanislas Nordey (Dolmancé) et sa compagne Valérie Lang (Madame de Saint-Ange) se donnent la réplique de plus en plus dénudés. Mais c'est surtout les dialogues très crus (vit, con, sperme, sodomie…) qui choquent deux cents ans plus tard, et l'idéologie plus que libertine, très immorale, contre toute vertu et tout attachement, qui perturbe. La mise en scène de Christine Letailleur sombre parfois dans le ridicule, mais évite le scabreux, avec force rideaux rouges.