samedi 9 décembre 2006


"BABEL"

Un car roule dans le désert marocain, une touriste américaine est atteinte par un coup de feu. Tiré par un gamin, il va déclencher toute une série d'événements qui impliqueront un couple de touristes américains au bord du naufrage, une famille de bergers marocains, une nourrice mexicaine qui a illégalement fait passer les deux enfants du couple américain au Mexique, et une adolescente japonaise sourde dont le père est recherché par la police à Tokyo… pour avoir offert l'arme du crime à un berger marocain.
Alejandro González Inárritu a trouvé son truc: les coïncidences et les répercussions qui touchent des personnes qui ne se rencontrent pas, sur les trois continents. Le Prix de la mise en scène à Cannes est justifié, c'est très bien filmé, très bien monté, mais la vision des trois pays est très cliché: au Mexique des putes, des mariachis et des mouches sur la viande, au Japon des lycéennes en mini-jupes, des jeux vidéo et la foule sur les passages cloutés, au Maroc, des bergers burinés, des maisons de torchis et des Américains nantis et égoîstes.
L'accident au Maroc, tout de suite interprété par les autorités américaines comme un acte terroriste, est la seule pique politiquement incorrect.
Inárritu aime filmer la douleur de ses personnages, choquer le spectateur (l'Américaine recousue à vif), mais plus encore humilier ses personnages (la nourrice par la police, la Japonaise tentant de sauter sur tous les hommes ou l'Américaine se pissant dessus après l'opération…). On s'en prend plein la figure, on passe d'un (in)continent à l'autre ou d'un événement à sa perception un peu plus tôt. C'est brillant mais un peu vide de sens quand même.