mardi 21 mai 2013

Daft Punk “Random Access Memories”

Le duo français livre un quatrième album loin des musiques électroniques, hommage à leurs racines funk. Un disque dense et organique sur lequel les Daft Punk ont invité les artistes qu’ils admirent. Après plusieurs années de silence du duo casqué, ce disque, soutenu par une efficace campagne publicitaire pouvait autant décevoir qu’il était attendu. En 1997, les Daft Punk consacrait la techno et la house filtrée avec leur premier album, le second était délibérément pop et le troisième conviait de tonitruantes guitares, avant leur B.O. symphonique de « Tron ». Comme son nom le suggère, « Random Access Memories » se tourne vers le passé musical des Daft Punk et de l’electro. Ce long album de 74 minutes s’ouvre avec un titre de funk tranquille et un refrain passé au vocoder, un effet déjà entendu sur les précédents opus du duo. « Giorgio by Moroder » donne la parole au pape italo-allemand de la disco des années 70, dont le témoignage est accompagné par une basse et une rythmique très funky, façon Cerrone, avant que ce titre épique ne lorgne vers la musique du compositeur de la bande originale de « Midnight Express » et ne soit submergé par des guitares électriques. On se calme avec Gonzales au piano, avant d’entendre Julian Casablancas des Strokes (encore du vocoder !) dans une complainte assez classique. « Lose Yourself to Dance » est plus original, funk dépouillé et sensuel chanté par Pharrell Williams. La voix du jeune septuagénaire Paul Williams transcende le très réussi « Touch », qui évoque David Bowie. Un titre de pop psychédélique très riche et très travaillé, mélancolique et trouble. « Get Lucky » est aussi un titre de funk tranquille et sans grande surprise, mais son refrain imparable achèvera de convaincre les indécis. L’album se conclue par un décollage entraînant et assourdissant, « Contact ». Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo se sont fait plaisir tout en voulant surprendre. Aucun sample ou presque sur cet album, les machines sont en retrait. Les deux Français ont pris le temps d’enregistrer à l’ancienne avec de grands musiciens qu’ils admirent (Giorgio Moroder, le batteur de Michael Jackson, Nile Rodgers de Chic…), dans de prestigieux studios américain. Basse, guitare pedal-steel et clavier Rhodes sont omniprésents sur ce disque hommage à la musique de leur jeunesse. Avec « Thriller » de Michael Jackson en ligne de mire, qui réussissait ce métissage improbable entre funk, pop et rock. Pas de révolution musicale donc, mais un bel album rétro qui navigue entre funk seventies, rock californien et electro, et bouscule les frontières entre les genres.