lundi 18 mars 2013

La Porte du Paradis

Michael Cimino s'est basé sur un fait réel, le meurtre d’une centaine d’immigrants coordonné par une association de grands propriétaires dans le comté de Johnson en 1890. Le film commence vingt ans plus tôt à Harvard, lors de la cérémonie de remise des diplômes, quand le jeune Jimmy était encore un brillant orateur de la classe aisée. Vingt après, on le retrouve un peu à son corps défendant suivant sa classe, celle des grands éleveurs, qui établissent une liste de 125 noms d’immigrants « voleurs et anarchistes » (?) pour les assassiner sans aucun procès, alors qu'ils attendent désespérément leurs titres de propriété.

Cette version longue de 3h36 est à la fois magnifique pour ses paysages et décors grandioses, et insoutenable par la misère des immigrants d'Europe de l'Est et leur meurtre de sang froid. Michael Cimino décrit une Amérique sanglante et injuste, où se perpétue un second pogrom après celui des Indiens. Entassés sur des trains ou en convois à pied, ils rappellent les trains de déportés ou l'exode de la Seconde guerre mondiale.

Kris Kristofferson joue le rôle d'un shérif un peu blasé et peu disert, amoureux d'une jeune prostituée française (Huppert), au centre d'un trio amoureux (Nate, alias Christopher Walken). L'épilogue montre l'ancien shérif sur un yacht, avec sa compagne légitime, un couple sans amour symbolisant la fin d'une utopie.

Réalisé quelques années après le sublime Voyage au bout de l’enfer, La Porte du Paradis (1980) est un film maudit, qui a ruiné les studios United Artists créés par Chaplin. L'obsession du détail de Michael Cimino l'a conduit à faire reconstruire des pans de villes entiers dans trois Etats différents ou à acheminer une locomotive d'époque au fin fond du Montana.