vendredi 21 octobre 2011

TAGFISH

Cette pièce, dont le titre est emprunté au vocabulaire du poker (désignant un joueur qui, tout en connaissant parfaitement les règles, ne prend aucun risque, devenant ainsi particulièrement vulnérable), a pour cadre la Ruhr, et plus particulièrement le Zollverein, une gigantesque infrastructure industrielle minière du XIXe siècle aujourd’hui classée au Patrimoine mondial et reconvertie en un centre culturel symbolisant le renouveau de cette région – un site qui suscite aujourd’hui les convoitises d’un cheikh saoudien. Tagfish répond à un choix formel inédit : une manière de vidéo-conférence fictive entre six personnages réels, tous associés au faramineux projet immobilier qui est en jeu, dont le collectif a patiemment recueilli les témoignages. Au travers d’une réflexion sur les friches et les terrains vagues – ces zones marginales du globe en voie de réaffectation forcenée –, Berlin continue de décrypter notre monde contemporain – sa peur du vide, sa peur du risque – toujours sur le fil entre le réel et la fiction.

Le dispositif est étonnant et novateur (parfois gadget avec une bouteille d'eau qui se verse seule dans un verre, ou un dossier qui se feuillette lui aussi seul). Six personnes se répondent via sept écrans, sans que cela ne se soit produit réellement, ils ne s'entendent pas dans les deux sens du terme. Tandis que le siège du cheikh mécène reste désespérément vide.