mercredi 2 mai 2012

"LOIN D'EUX" DE LAURENT MAUVIGNIER

Luc s'est suicidé. Il aimait le cinéma et fumer dans sa chambre. Il vivait en province, près d’Orléans, entre son père Jean et sa mère Marthe, son oncle Gilbert, sa tante Geneviève. Il a une cousine, Céline, qui vient de perdre son mari, boulanger.
Une parole en flux continu, polyphonique et pourtant monocorde, on sent l'écrivain derrière ces mots. Comme Gilbert, le frère de Jean, qui dit "Luc et Céline, vous ne le voyez pas, ce lien entre eux si fort depuis l'enfance, ils l'ont tissé autour de leurs vies comme un cordon pour qu'ensemble leurs vies résistent mieux aux nôtres."
Luc, avant de mourir : "J'en ai eu assez de la comédie. Assez de voir ce qu'ils en faisaient de sa mort, à Jaïmé. J'en ai eu assez et j'aurais voulu dire assez , et crier assez, et d-ire toujours vous fabriquez les morts, vous fabriquez sa mort pour qu'elle vous convienne juste, juste qu'elle soit taillée à vos mesures et donne à vos vies le relief qu'elles sont, seules, incapables de modeler." (p.59)
L'oncle :" j'ai compris que c'est à ça que je devais les laisser, leur fin du monde à eux où personne n'aurait sa place. Eux deux tous seuls naufragés au milieu de nous."
(p. 115)
Mauvignier rend bien compte du désastre de la perte, de la difficulté à communiquer, se (faire) comprendre. Ici c'est un monologue qui peut tout dire, alors que rien ne pouvait se dire entre les êtres.