Timbuktu
Non
loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux,
Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré
de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé
de 12 ans.
En
ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur
des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et
les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont
devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des
tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et
tragiques.
Kidane
et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou.
Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement
Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée.
Il
doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus
d’ailleurs…
Le
film s'ouvre sur l'image d'une gazelle
poursuivie par des hommes en armes, "il faut la fatiguer pas la
tuer", expliquent-ils, comme une métaphore de la féminité, de
la jeunesse ou de l'innocence, poursuivis par la barbarie. Le
réalisateur, Abderrahmane
Sissako, utilisent de nombreuses métaphores, comme Abdelkrim
qui tire sur un buisson lové comme un pubis féminin entre deux
dunes.
Sissako filme de façon sublime les paysages et ses personnages, comme cette famille de Touaregs, qui semble vivre dans une harmonie parfaite, ou ce match de foot poétique sans balle (car interdite). Il se moque ouvertement des djihadistes, qui ne connaissent pas grand chose à l'islam et se permettent d'entrer avec armes et baskets dans la mosquée ou de demander une jeune fille en mariage de façon menaçante, avant de se tromper de prénom —Fatima au lieu de Safia— devant l'imam. Des djihadistes qui tentent de maîtriser l'arabe, quitte à préférer l'anglais ("tu parles trop mal arabe"), qui fument en cachette ou font la cour à une femme mariée (Abdelkrim, qui visite Satima en l'absence de son mari) ou assènent des truismes comme "Nul
n'échappe à son destin".
L’inspiration
du réalisateur vient de faits réels. En juillet 2012, dans la petite ville
d’Aguelhok au Mali, un couple d’une trentaine d’années est
placé dans deux trous creusés dans le sol en place publique, puis
lapidé. Dans ce village contrôlé par des hommes, leur unique faute
a été d’avoir eu des enfants hors mariage. Ce n'est pas tout,
puisque l'histoire de l'homme qui est racontée dans le film, est
inspirée de l'exécution d'un Touareg sur la Place de Tombouctou. Le
personnage de Zabou dans Timbuktu existe
dans la réalité. Cette ancienne danseuse du crazy-horse qui
exerçait ce métier durant les années 60 est la seule femme qui, au
milieu des djihadistes, possède des droits que les autres femmes
n'ont pas. Le réalisateur précise : "Elle s’habille
comme dans le film, elle a toujours un coq sur l’épaule et elle
parle très bien français. Quand les djihadistes étaient à Gao,
c’était la seule qui pouvait marcher sans se couvrir la tête, la
seule qui pouvait chanter, danser, fumer, et leur dire qu’ils
étaient « des connards ». Autrement dit : l’interdit est permis
quand la personne est folle."
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